cover MZ 11 mars 1982

Pour la journée internationale des femmes, voici un texte produit dans le cadre de l’expo « 40 ans de luttes », ainsi qu’une illustration publiée à la une du journal étudiant Matricule Zéro le 11 mars 1982.

FEMMES DEBOUTTES!

Plusieurs courants de pensée, idéologies politiques et débats de société traversent le mouvement étudiant. Parmi les plus marquants, la lutte des classes ouvrières, l’action syndicale et les mouvements de libération nationale, dont ceux présents au Québec. Mais celui qui va marquer profondément et durablement les débats, les orientations, les politiques et les protagonistes du mouvement étudiant québécois est nulle autre que le féminisme.

L’appropriation par les femmes d’espaces d’affirmation au sein du mouvement étudiant est remarquable, surtout lorsqu’on compare cette présence à la place qu’elles occupent dans les instances politiques traditionnelles.

Le contenu féministe occupe une place majeure dans les publications de l’AÉCS au cours des années 1980 alors qu’une critique plus radicale du patriarcat se fait entendre. La dénonciation des inégalités sexistes et l’appel à la mobilisation des femmes défrayent régulièrement les pages de la presse étudiante.

Des problématiques graves, comme les agressions et les abus de la part du personnel enseignant masculin, sont mises au jour. Plusieurs articles dénoncent l’inaction de la direction du Cégep en cette matière et incitent les membres de l’AÉCS à porter plainte.

Le comité Femmes de l’AÉCS, par et pour les étudiantes, est fondé en 1982. À l’époque, il dispose de son propre local. Les dossiers qui le préoccupent sont la publicité et l’éducation sexistes, le viol, le harcèlement sexuel, les rapports de domination, les inégalités et la pornographie.

L’utilisation de formes féminines à l’écrit se retrouve dans les documents de l’AÉCS depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui. La pratique de l’alternance des genres dans les tours de parole, elle, est mise en place dès 1982 : lors d’une assemblée générale, le présidium demande d’installer dans la salle un micro pour les femmes et un micro pour les hommes.

Ces deux pratiques avant-gardistes, doublées de l’inclusion de revendications féministes dans la plateforme de l’AÉCS, démontrent que l’égalité des femmes et des hommes est au cœur des valeurs de l’AÉCS depuis près de 40 ans.