Histoire

L’histoire de l’AÉCS, tout comme l’histoire du mouvement étudiant en général, est méconnue. Pourtant, l’histoire des luttes sociales au Québec y est intimement liée. Nous vous proposons ici une retranscription des textes qui ont été publiés dans le cadre de la recherche et de la production de l’exposition « 40 ans de luttes », afin que vous puissiez apprécier quelques aspects de l’histoire de votre association étudiante.

Des archives audiovisuelles (dont des copies de tous les journaux étudiants et des archives filmiques) sont également disponibles pour consultation au local de l’AÉCS.

Expo rétrospective 40 ans de luttes

ExpoCdM2

Créée en 1975, l’Association étudiante du Cégep de Sherbrooke (AÉCS) a toujours eu pour mission de défendre les droits individuels et collectifs de ses membres, les étudiant·e·s du Cégep de Sherbrooke. Son objectif premier : l’amélioration de leurs conditions de vie et l’accès universel à une éducation publique de qualité.

L’EXPOSITION 40 ANS DE LUTTES a été présentée à la Galerie Art Focus et au Centre des Médias du Cégep de Sherbrooke du 23 mai au 1er septembre 2016.

La charte de Grenoble et charte de l’AÉCS 

En 1946, en France, des étudiant·e·s élaborent la Déclaration des droits et devoirs de l’étudiant, document désigné sous le nom de la Charte de Grenoble, en référence à la ville où elle fut rédigée. Cette charte, qui définit l’étudiant comme un jeune travailleur intellectuel, sert de fondement aux associations  étudiantes françaises de l’époque, qui rompent avec l’apolitisme traditionnel des organisations étudiantes et œuvrent pour la reconnaissance de ce statut particulier. Les étudiant·e·s désirent, sur la base de cette nouvelle conception de leur condition, jouer un rôle plus actif dans la société et devenir des vecteurs progressistes de changement social. C’est l’amorce, en Occident, du processus d’autonomisation de la jeunesse.

Au Québec, les années 1960 marquent le commencement de l’affirmation collective de la jeunesse (étudiante) québécoise. Auparavant, les regroupements étudiants sont encadrés par les communautés religieuses (Jeunesse étudiante catholique) et guidés par les valeurs et les principes de l’action catholique ou confinés à l’implication dans les clubs sportifs ou culturels. Mais, en 1964, l’Union générale des étudiants du Québec (UGEC) annexe la Charte de Grenoble à l’avis de convocation de son assemblée de fondation, ce qui amorce une transformation et une sécularisation progressive de ce qui deviendra le mouvement étudiant québécois.

L’action étudiante s’oriente de fait vers une approche dite syndicaliste, une nouvelle conception qui fait des étudiant·e·s des citoyens à part entière et des acteurs de leur destin. Les associations s’organisent en privilégiant des structures démocratiques ouvertes qui placent les assemblées générales au sommet de la hiérarchie décisionnelle (participative). Chaque membre peut donc prendre la parole, voter et être élu.

À Sherbrooke, en novembre 1973, les étudiant·e·s du Cégep rédigent la Charte de l’association des étudiants du Collège de Sherbrooke. Leur but est de « donner à l’étudiant de ce Collège un statut (…) pour le valoriser dans cette Société ». Le texte de cette charte est directement inspiré de la Charte de Grenoble.

1946 : La charte de Grenoble

Préambule

Les représentants des étudiants français, légalement réunis en Congrès National
à Grenoble, le 24 avril 1946, conscients de la valeur historique de l’époque

Où l’Union Française élabore la nouvelle Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen;

Où s’édifie le Statut pacifique des Nations;

Où le monde du travail et de la jeunesse dégage les bases d’une révolution économique et sociale au service de l’Homme;

Affirment leur volonté de participer à l’effort unanime de reconstruction;

Fidèles aux buts traditionnels poursuivis par la Jeunesse étudiante française lorsqu’elle était à la plus haute conscience de sa mission;

Fidèles à l’exemple des meilleurs d’entre eux, morts dans la lutte du peuple français pour sa liberté;

Constatant le caractère périmé des institutions qui les régissent;

Déclarent vouloir se placer, comme ils l’ont fait si souvent au cours de notre histoire, à l’avant-garde de la jeunesse française, en définissant librement, comme bases de leurs tâches et de leurs revendications, les principes suivants :

Article 1

L’étudiant est un jeune travailleur intellectuel.

Article 2

En tant que jeune, l’étudiant a droit à une prévoyance sociale particulière dans les domaines physique, intellectuel et moral.

Article 3

En tant que jeune, l’étudiant a le devoir de s’intégrer à l’ensemble de la Jeunesse Nationale et Mondiale.

Article 4

En tant que travailleur, l’étudiant a droit au travail et au repos dans les meilleures conditions et dans l’indépendance matérielle, tant personnelle que sociale, garanties par le libre exercice des droits syndicaux.

Article 5

En tant que travailleur, l’étudiant a le devoir d’acquérir la meilleure compétence technique.

Article 6

En tant qu’intellectuel, l’étudiant a droit à la recherche de la vérité, et à la liberté qui en est la condition première.

Article 7

En tant qu’intellectuel, l’étudiant a le devoir :

de rechercher, propager et défendre la Vérité, ce qui implique le devoir de faire partager et progresser la culture et de dégager le sens de l’histoire;

de défendre la liberté contre toute oppression, ce qui, pour l’intellectuel, constitue la mission la plus sacrée.

1973 : La Charte de l’AÉCS

DÉCLARATION DES DROITS
ET DES DEVOIRS DE L’ÉTUDIANT
DU COLLÈGE DE SHERBROOKE

Considérant que toute personne possède un droit inaliénable à l’éducation, et ce, sans distinction de race, de sexe, de religion, de culture, de classe sociale, d’attache idéologique ou de situation géographique;

Considérant que le premier but de l’éducation est de favoriser l’épanouissement des personnes qui assumeront leur rôle dans la société et le feront progresser;

Considérant que la préparation intellectuelle et professionnelle constitue une des activités les plus progressives et les plus rentables pour la nation;

Considérant que l’éducation, du fait même qu’elle contribue à former pour augmenter le bien-être général de tous les citoyens;

Considérant que l’activité d’apprentissage professionnel qu’il exerce et par les recherches qu’il poursuit, l’étudiant participe ainsi au monde du travail;

Considérant que  l’étudiant est un travailleur intellectuel comme tel, est un individu à part entière, actif et responsable;

Considérant que le travail intellectuel est l’une des activités par laquelle l’homme assimile, élargit ou diffuse le savoir;

Considérant que l’institution d’enseignement où s’effectue ce travail est essentiellement au service de l’étudiant.

CHAPITRE I – DROITS

Art. 1 L’étudiant a droit au climat de liberté essentiel à la recherche et à la diffusion des connaissances.

Art. 2 L’étudiant a droit aux conditions matérielles, psychologiques et sociales les plus favorables à l’accomplissement de son travail intellectuel.

Art. 3 Une majorité d’étudiants d’un groupe donné a doit de refuser un professeur qui ne s’adapterait pas aux exigences et aux besoins de ce groupe.

Art. 4 L’étudiant à droit à des programmes coordonnés et adaptés à ses exigences et à ses besoins.

Art. 5 L’étudiant à droit à des locaux adéquats et à des instruments appropriés à ses exigences.

Art. 6 L’étudiant a droit de poursuivre ses études tant qu’il en ressent le besoin.

Art. 7 L’étudiant a droit aux services d’un système d’orientation adéquat et à une planification économique et sociale propre à informer objectivement des débouchés à la fin de son apprentissage.

Art. 8 L’étudiant a droit de s’unir à d’autres étudiants en des associations représentatives, et ce, à tous les paliers, afin de s’assurer les meilleures conditions matérielles, psychologiques, sociales et académiques qui lui permettront d’accomplir convenablement son travail; l’étudiant a droit d’employer des moyens de pression pour faire respecter ses droits.

Art. 9 L’étudiant comme ses professeurs et les cadres du Collège de Sherbrooke ont droit à une administration de l’enseignement qui répond aux objectifs qui ont été fixés au préalable par ces trois parties respectueuses de leurs droits et favorables au progrès de la communauté professeurs-étudiants-cadres.

Art. 10 L’étudiant, par l’entremise de son association, a droit de participer à la gestion de l’institut d’enseignement qu’il fréquente.

Art. 11 L’étudiant à droit à une information politique, sociale et économique.

Art. 12 L’étudiant a droit de participer activement à la vie de la nation.

CHAPITRE II – DEVOIRS

Art. 13 L’étudiant a le devoir comme membre, d’assurer activement sa participation à la communauté étudiant-professeur-cadre.

Art. 14 L’étudiant, par lui-même, comme par son association, a le devoir d’œuvrer à la démocratisation de l’enseignement, autant dans son accessibilité que dans ses structures, et à la liberté des institutions qui le dispensent.

Art. 15 L’étudiant a le devoir de s’informer sur la jeunesse nationale et mondiale, afin de travailler à l’établissement d’une véritable coopération internationale entre tous les étudiants, au-delà des différences de langue, de race et d’idéologie.

Art. 16 L’étudiant a le devoir de promouvoir la paix et la justice et de lutter pour la défense des libertés civiles, intellectuelles, sociales et politiques, basés sur le droit et non la force.

Art. 17 L’étudiant a le devoir de lutter contre toute forme d’exploitation, d’intolérance et de discrimination, dû à l’impérialisme, au colonialisme, au christianisme, au communisme, etc.

Art. 18 L’étudiant a le devoir de défendre le droit au travail, de promouvoir les conditions de travail respectueuses de la personne humaine et de se solidariser avec les autres travailleurs.

Art. 19 L’étudiant a le devoir de participer à l’organisation et à l’élaboration des classes les moins favorisées dans le monde.

Naissance de l’Association étudiante 

1968
Le Cégep de Sherbrooke est tout juste ouvert que se tient en septembre une assemblée générale étudiante organisée par l’Association générale des étudiants du Cégep de Sherbrooke (AGECS). Fait intéressant, la première personne à en occuper la présidence est une femme.
En octobre de la même année a lieu la première grève générale étudiante au Québec. Quinze cégeps sont pris d’assaut et occupés par la jeunesse contestataire; 10 000 personnes manifestent à Montréal. Les étudiant·e·s demandent la création immédiate d’une deuxième université de langue française à Montréal.
À l’époque, les baby-boomers francophones qui arrivent massivement sur les bancs des institutions d’enseignement sont condamnés à étudier en anglais, à moins d’être acceptés à l’Université de Montréal, qui ne suffit plus à la demande.
De son côté, l’Assemblée générale de l’AGECS se prononce pour des journées de grève sous forme de journées d’étude. On réclame la démocratisation des institutions et de la pédagogie. La première grève étudiante au Cégep de Sherbrooke dure une semaine.
Plusieurs formes de mobilisation dans le cadre de la contestation étudiante nationale sont au cœur de la vie de l’AGECS, qui ne survivra pas aux tensions entre les membres des secteurs techniques et préuniversitaires. Elle est mise en veilleuse en 1972.
1972
Le Front régional des étudiants de l’Estrie (FREE) est une initiative issue d’un comité étudiant. Le FREE sera actif quelques mois seulement, mais son apparition témoigne du désir de la population étudiante de se doter d’une instance formelle et organisée.
1974
C’est un automne chaud au Cégep de Sherbrooke. Le comité d’action politique rédige un projet d’association. Les étudiant·e·s s’organisent, car les revendications pour un meilleur système d’aide financière aux études fusent de toute part au Québec. La grève se propage : 40 institutions secondaires et post-secondaires sont affectées, 100 000 étudiantes et étudiants débraient.
Le Cégep de Sherbrooke n’est pas en reste : il est occupé du 28 novembre au 14 décembre, jour où la direction fait intervenir les forces policières sous l’influence du gouvernement qui adopte la stratégie du lock-out.
Le lendemain, « les expulsés » se réunissent en assemblée générale à l’église Sainte-Famille; on y forme un comité pour piloter le projet d’association et récupérer les fonds réservés à cette fin. Des cendres du premier grand conflit étudiant québécois va naître l’AÉCS.
1975
L’Association étudiante du Cégep de Sherbrooke est fondée le 22 janvier 1975 lors d’une assemblée générale où la charte, qui définit les structures et les règles de fonctionnement, est adoptée. On annexe à ce document la Déclaration des droits et devoirs de l’étudiant du collège de Sherbrooke.
La défense des droits étudiants est au cœur de la mission de l’AÉCS, qui accompagne depuis 1975 ses membres dans leur quête de justice sociale et d’égalité individuelle et collective. En outre, l’AÉCS a toujours offert à ses membres un service de soutien en cas de problèmes dits pédagogiques, à savoir l’accompagnement en cas de litige avec des membres du personnel enseignant.

 

La coopérative étudiante et la guerre des photocopies

UNE COOP? À MOINS QUE…
1971
En 1971, l’Association coopérative étudiante du Cégep de Sherbrooke opère un dépanneur destiné aux étudiant·e·s, puis une maison d’édition de livres et d’imprimés. La coop génère beaucoup d’implication et s’inscrit dans un univers rebelle où s’expriment les combats étudiants de l’époque, comme le nationalisme, la démocratisation de l’éducation et le syndicalisme.
Les étudiant·e·s démontrent, par leurs écrits, un fervent désir de participer à la vie intellectuelle et sociopolitique du Québec.
Entre 1973 et 1979, la coopérative fait l’acquisition progressive d’équipements destinés à l’impression, dont un duplicateur Gestetner en 1973, une presse offset en 1978 et une machine à traitement de texte professionnelle.
La coopérative est organisée en secteurs (comités). En plus des presses coopératives, elle possède un magasin étudiant qui vend des cigarettes, des revues et des fournitures scolaires. Elle se dote également d’une librairie qui a pignon sur rue au centre-ville de 1972 à 1974 : la Coop Alexandre. On y vend divers ouvrages, car le contrat de vente des manuels scolaires, sur le campus, est attribué par le Cégep à un fournisseur privé.
1974
En août, la Coopérative se voit confier la vente des manuels scolaires et des notes de cours. Mais cette aventure ne dure qu’une session… Pendant les années 1975-1977, les livres sont vendus dans une librairie commerciale hors campus. La vente de notes de cours par la coopérative se poursuit toutefois jusqu’au printemps 1977, dans le local du magasin étudiant.
1977
Au printemps, il y a fusion de la coopérative étudiante et de l’Association étudiante du Cégep de Sherbrooke (AÉCS), née en 1975. Les Presses étudiantes et le magasin étudiant deviennent des comités de l’AÉCS.
En juin 1977, coup de théâtre ! Le contrat de vente des notes de cours et des manuels scolaires est donné à une entreprise fondée quelques mois plus tôt par un professeur de philosophie au Cégep de Sherbrooke. Le Cégep décide conséquemment que le magasin étudiant doit fermer, car sa principale raison d’être n’est plus.
Les étudiant·e·s résistent et l’AÉCS continue coûte que coûte à opérer le magasin malgré la menace. Les gens nomment l’endroit le magasin à moins que…, faisant ainsi référence à l’incertitude des membres quant à la capacité de survie de l’initiative.
En parallèle, l’AÉCS élabore un projet de centre de documentation pour faire usage de l’espace autrefois consacré aux notes de cours. Quelques semaines plus tard, l’appellation Centre à moins que… (CAMQ) commence à circuler et à être utilisée officiellement. Né en 1977, le CAMQ vivra jusqu’en 2004 !
1984
Le Directeur général du Cégep veut promouvoir les saines habitudes de vie et éliminer la vente de cigarettes. On se questionne sur ses réelles intentions, car la fin de la vente de cigarettes menace la capacité de rémunérer la personne qui travaille au CAMQ.
L’AÉCS découvre le pot-aux-roses : le Cégep veut demander un loyer de 1 200 $ par année au CAMQ, comme il le fait pour les fournisseurs privés qui opèrent sur le campus. Finalement, le CAMQ ne sera pas fermé, mais il devra payer un loyer de 300 $.
1994
Fermeture progressive des Presses étudiantes, malgré des efforts de relance faits en 1995. Le local que les Presses occupent devient le local des comités et du conseil exécutif de l’AÉCS en 1996.
2003
Le CAMQ est graduellement remplacé par la Coopérative informatique du Cégep de Sherbrooke. Les restrictions sur la vente et la consommation de tabac vont mettre un terme final aux activités du dépanneur en 2004.
2008
Sauvetage de la Coopérative informatique par l’AÉCS, qui propose une fusion de cette coop et du Café l’Équitable. Les membres de l’AÉCS et la Direction des Services aux étudiants du Cégep cautionnent le projet, et l’actuelle Coopérative de solidarité du Cégep de Sherbrooke est fondée.
2012
La Coopérative de solidarité met la main sur le contrat de librairie et de vente de notes de cours. Il aura fallu 35 ans pour qu’une coopérative reprenne ses droits et déloge l’entreprise privée du Cégep.

LA GUERRE DES PHOTOCOPIES
1978
L’AÉCS soutient que le prix unitaire (10 cents la copie) des reproductions via l’unique copieur existant sur le campus du Cégep est exagéré. Le Centre À Moins Que… (CAMQ) prouve que ce service peut être rentable au prix de 5 cents la copie.
La pression et la mobilisation font en sorte que le Cégep baisse son propre tarif à 5 cents. Quelques semaines plus tard, le CAMQ fait l’acquisition d’un nouveau copieur… et offre des copies à 2 cents ! L’objectif est double : faire économiser les membres et revendiquer l’installation par le Cégep de photocopieurs dans chaque pavillon.
Cette victoire vaudra à Luc Loignon, employé des Presses et collaborateur à l’Association étudiante depuis 1973, le titre de Père de la photocopie à 2 cents.
Juste avant les vacances des Fêtes éclate l’Affaire papier, alors que le Cégep décide de mettre abruptement fin à la livraison de papier qu’il vend au prix coutant au CAMQ et aux Presses étudiantes.
1981
Le Cégep contrevient ainsi à une clause de l’entente de service qui le lie à l’AÉCS. En janvier 1982, l’AÉCS recommence à offrir le service de photocopies malgré le fait qu’elle doive acheter son papier ailleurs à un coût plus élevé. En février 1982, une entente intervient enfin; le Cégep accepte d’intégrer l’AÉCS dans le groupe d’achat institutionnel de la région, en échange de quoi l’AÉCS doit détenir une licence de taxes de vente provinciale et fédérale.
2001
L’AÉCS installe un copieur à 5 cents au Centre des Médias (bibliothèque) pour offrir une alternative de plus. Le prix des copies dans les locaux de l’AÉCS restera le plus bas possible et cette tradition se perpétue encore aujourd’hui.

Prêts et bourses: les grèves de 1978 et 2005

LES PRÊTS ET BOURSES, UN CARRÉ AUX DETTES

En 1966, Québec adopte la loi sur l’aide financière aux études (AFE) et structure un programme de prêts et de bourses pour soutenir financièrement les étudiant·e·s aux études postsecondaires. Cette loi est considérée comme une mesure temporaire, car l’objectif à atteindre, pour les gouvernements québécois des années 1960-1970, est la gratuité scolaire. En attendant, personne ne doit subir de discrimination sur la base de ressources financières insuffisantes.
Comme la gratuité scolaire est évacuée des programmes politiques après l’élection du Parti Québécois en 1976, la lutte pour l’accessibilité aux études et contre l’endettement excessif devient le fer de lance du mouvement étudiant. Certains articles de la loi sur l’AFE, encore aujourd’hui limitatifs, sont parfois modifiés grâce aux pressions étudiantes.
Au Cégep de Sherbrooke, historiquement, le recours aux prêts est plus élevé que dans la moyenne du réseau collégial. L’AÉCS a su être aux aguets et ses membres n’ont cessé de militer pour s’assurer que l’éducation demeure un droit, et non un privilège…
1978
Après des années de croissance constante, l’économie québécoise est affectée par des turbulences économiques durant la deuxième moitié des années 70.
Fortement touchée par le chômage, la communauté étudiante demande des améliorations au régime des prêts et bourses, dont l’abolition de l’endettement, la fin des contributions des parents et du conjoint, la prise en compte compte de l’inflation et des réels besoins étudiants et la reconnaissance du statut de non-résident dès le départ du domicile familial.
Qui plus est, à la cafétéria du Cégep, le prix des repas augmente de 20 %, ce qui va à l’encontre d’une revendication importante de l’AÉCS : des repas à 1 $, soit le même prix que dans les hôpitaux.
Au même moment, le Ministère de l’Éducation publie le livre blanc sur l’enseignement collégial, un bilan des dix premières années du réseau des cégeps qui propose certaines mesures impopulaires, comme une politique d’admission restrictive.
Ces trois éléments entraînent les membres de l’association étudiante à recourir à une grève qui passe à l’histoire : la cafétéria du Cégep sera prise en charge par la communauté étudiante durant cinq semaines consécutives. Du 20 novembre au 8 décembre, entre 200 et 300 personnes vivent jour et nuit à l’intérieur du Cégep.
Les grévistes contrôlent tous les pavillons, dorment dans la bibliothèque et cuisinent les repas pour 1 $. La radio étudiante diffuse en continu, même la nuit; un journal est publié chaque jour afin de suivre l’évolution du conflit. Un spectacle de Richard Séguin, le Noël des grévistes et une projection du film L’Acadie, l’Acadie!?!, sur les luttes étudiantes au Nouveau-Brunswick, sont organisés pour détendre l’atmosphère.
En tout, 32 cégeps sont en grève à la fin novembre 1978. Certains vont être complétement fermés et on évacue avec force les occupantes et occupants de plusieurs lieux. Mais le mouvement de grève continue malgré tout.
Le 5 décembre, le gouvernement péquiste est débordé et annonce des concessions dans le dossier des prêts et bourses : diminution de la contribution parentale, abolition de la différence de versement selon le niveau collégial ou universitaire, prise en compte des disparités régionales, conversion progressive de prêts en bourses et augmentation du plafond de la bourse pour les gens en situation de monoparentalité.
La menace classique de « perdre la session », qui ne sera jamais mise en œuvre dans l’histoire des conflits étudiants québécois, est énoncée. La direction du Cégep de Sherbrooke propose un remaniement controversé du calendrier scolaire qui met de la pression sur les grévistes et provoque l’essoufflement du mouvement.
Les cours reprennent le 8 décembre, mais la cafétéria demeure occupée par les étudiant·e·s, qui ne démordent pas des repas à 1 $. La Direction, après avoir fait quelques concessions, les force finalement à quitter les lieux le 13 décembre, sous la menace de fermeture complète et de mise à pied du personnel.
Le mouvement de grève s’estompe dans un esprit de victoire, même si les repas ne pourront être maintenus à 1 $. Les mesures contenues dans le Livre Blanc du gouvernement mettront plusieurs années à être appliquées et l’AÉCS fondera un café étudiant pour faire contrepoids à la cafétéria.

Une photo parait le 22 avril 1981 dans le journal « Le Québec Étudiant ». Elle met en scène un mariage collectif devant une porte du Pavillon Judith-Jasmin de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Y apparait entre autres Pierre-Karl Péladeau, à l’époque étudiant en philosophie. Cette campagne médiatique dénonce la nécessité pour un·e étudiant·e d’« être marié·e » pour accéder au statut d’autonomie auprès de l’Aide financière aux études et ainsi toucher une aide financière gouvernementale plus généreuse.
Selon la légende, plusieurs mariages « pour les prêts et bourses » ont été célébrés au café « l’Habitugues », entre autres par Bruno Fréchette, un étudiant qui était ministre du culte.
Le mariage est encore aujourd’hui une façon d’atteindre le statut d’autonomie pour les étudiant·e·s qui comptent sur l’aide financière aux études, ce qui leur permet d’avoir des versements un peu plus élevés.
2005
En 2003, le Parti libéral du Québec prend les rênes du pouvoir et se lance dans une entreprise de « réingénierie de l’État », Jean Charest en tête. L’éducation, comme d’autres services publics, passe à la moulinette. Après dix ans sans grève d’importance, le gouvernement ne craint plus le mouvement étudiant, alors à l’apogée de l’approche concertationniste envers l’État.
L’annonce d’une réforme en profondeur du régime des prêts et bourses, dont la conversion de 103 millions de dollars de bourses en prêts, la réduction de la durée des prestations et l’augmentation du plafond des prêts, en particulier au niveau collégial, secouent les membres de l’AÉCS et le milieu étudiant en général.
Le mouvement étudiant se réveille et se structure, grâce au support de l’ASSÉ — alors une toute jeune organisation.
Devant l’immobilisme du gouvernement, qui fait la sourde oreille aux pétitions, aux manifestations et aux lettres qui lui sont envoyées, un ultimatum est lancé à l’automne 2004. Le Ministre de l’Éducation ne bronche pas.
Des mandats de grève sont adoptés et l’AÉCS fait partie des premières associations étudiantes à débrayer, le 24 février 2005.
Les étudiant·e·s se dotent d’un symbole fort : un bout de tissu carré et rouge, pour « carrément dans le rouge », est épinglé sur leurs vêtements. La grève se propage dans six cégeps et douze universités. Une coalition temporaire se forme sous l’égide de l’ASSÉ, la Coalition de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante élargie (CASSÉE).
Malgré les réticences de la Direction, un bed-in est organisé à la café rouge — aujourd’hui la librairie coop. Durant six semaines, les allées et venues du personnel du Cégep sont limitées, les entrées des stationnements sont bloquées et du piquetage a lieu tous les matins sur le campus.
Les activités relatives aux services dits « essentiels », comme les tests d’admission, la remise des prêts et bourses et les soins aux animaux de laboratoire, se déroulent normalement sous la surveillance constante des grévistes. La Direction est forcée de déplacer ses bureaux au Palais des Sports.
Les membres de l’AÉCS multiplient les actions de visibilité et de perturbation, dont la « décoration » du bureau du Ministère de l’Éducation et l’occupation des bureaux du Ministère de l’Immigration. Le 3 mars, une manifestation organisée par la CASSÉE et l’AÉCS regroupe 400 personnes devant le bureau de Jean Charest, député de Sherbrooke.
La FECQ et la FEUQ, attentistes, ne s’impliquent que tardivement dans le conflit. Par ailleurs, elles s’invitent comme négociatrices alors que la CASSÉE est exclue des discussions avec le gouvernement. Quand le Ministre de l’Éducation annonce une entente et ce, malgré le rejet de l’offre initiale par une majorité d’assemblées générales étudiantes à travers le Québec, la trahison est complète.
Les membres de l’AÉCS condamnent la FECQ et la FEUQ et rejettent l’entente, qui vise à transformer 70 millions de dollars de prêts en bourses en 2005-2006, avec une promesse du retour progressif des 103 millions de dollars de bourses supprimées au cours des quatre années suivantes.
Le 6 avril, Françoise David, alors représentante d’Option citoyenne, prononce une brève allocution devant les 2 300 personnes présentes lors du vote de retour en classe. Malgré l’amertume de la base militante, cette grève est une victoire historique contre l’endettement étudiant.
Durant l’année suivante, l’AÉCS poursuit ses moyens de pression pour une amélioration de l’AFE et continue de mobiliser ses membres. Mais les gens sont épuisés… En 2007, les Libéraux profitent de l’occasion pour appliquer un nouveau dégel des frais de scolarité.

Le féminisme, un courant majeur

Plusieurs courants de pensée, idéologies politiques et débats de société traversent le mouvement étudiant. Parmi les plus marquants, on peut nommer la lutte des classes ouvrières, l’action syndicale et les mouvements de libération nationale, dont ceux présents au Québec. Mais celui qui va marquer profondément et durablement les débats, les orientations, les politiques et les protagonistes du mouvement étudiant québécois est nulle autre que le féminisme.

L’appropriation par les femmes d’espaces d’affirmation au sein du mouvement étudiant est remarquable, surtout lorsqu’on compare cette présence à la place qu’elles occupent dans les instances politiques traditionnelles.

Le contenu féministe occupe une place majeure dans les publications de l’AÉCS au cours des années 1980 alors qu’une critique plus radicale du patriarcat se fait entendre. La dénonciation des inégalités sexistes et l’appel à la mobilisation des femmes défrayent régulièrement les pages de la presse étudiante. Des problématiques graves, comme les agressions et les abus de la part du personnel enseignant masculin, sont mises au jour. Plusieurs articles dénoncent l’inaction de la direction du Cégep en cette matière et incitent les membres de l’AÉCS à porter plainte.
Le comité Femmes de l’AÉCS, par et pour les étudiantes, est fondé en 1982. À l’époque, il dispose de son propre local. Les dossiers qui le préoccupent sont la publicité et l’éducation sexistes, le viol, le harcèlement sexuel, les rapports de domination, les inégalités et la pornographie.
L’utilisation de formes féminines à l’écrit se retrouve dans les documents de l’AÉCS depuis les années 1980 jusqu’à aujourd’hui. La pratique de l’alternance des genres dans les tours de parole, elle, est mise en place dès 1982 : lors d’une assemblée générale, le présidium demande d’installer dans la salle un micro pour les femmes et un micro pour les hommes. Ces deux pratiques avant-gardistes, doublées de l’inclusion de revendications féministes dans la plateforme de l’AÉCS, démontrent que l’égalité des femmes et des hommes est au cœur des valeurs de l’AÉCS depuis près de 40 ans.

De l’ANEEQ à l’ASSÉ: les affiliations nationales

Les associations étudiantes nationales sont traversées par des influences politiques diverses, marquées par des choix de stratégies et des luttes idéologiques internes, qui traduisent les valeurs et les préoccupations politiques d’une jeunesse engagée.
On les qualifie souvent, dans le langage militant, comme plus « à gauche », en référence au syndicalisme étudiant de combat, ou plus « à droite », en référence à une approche plus concertationniste et institutionnelle.
À droite : Proximité des partis politiques traditionnels, priorisation du lobbying et du corporatisme. La représentation est valorisée, au détriment des décisions prises par l’ensemble des membres en assemblée générale.
À gauche : Méfiance des partis politiques traditionnels, valorisation de l’action directe, inclusions des luttes sociales et des groupes défavorisés, recours à la démocratie directe et participation massive aux instances décisionnelles.
Traditionnellement, l’AÉCS penche plus à gauche qu’à droite, mais l’histoire peut réserver des surprises.

ANEEQ – 1975

L’AÉCS participe au processus de création de l’Association nationale des étudiantes et étudiants du Québec (ANEEQ) en accueillant la première partie du congrès de fondation. Les statuts et règlements de l’ANEEQ et l’élection des membres du Conseil central provisoire ont donc lieu au Cégep de Sherbrooke.
Quelques jours plus tard se tient la deuxième partie du congrès à l’Université Laval. L’ANEEQ naît le 22 mars et cette date est déclarée Fête nationale des étudiantes et étudiants du Québec.
L’ANEEQ repose sur les principes du syndicalisme étudiant et se positionne pour l’instauration de la gratuité scolaire à tous les niveaux. C’est une association étudiante combative puissante qui rallie 75 000 membres dès sa fondation. Elle se trouve à gauche du spectre politique… Tellement qu’à l’époque, l’AÉCS dénonce à quelques reprises le noyautage de l’ANEEQ par le Parti communiste canadien marxiste-léniniste. L’ANEEQ est résolument nationaliste et se prononce en 1980 en faveur du « oui », après d’intenses débats internes.
L’AÉCS est membre de l’ANEEQ de sa création jusqu’à sa dissolution, en 1994.

MDE – FECQ – 1995

À ce moment de l’histoire du mouvement étudiant, deux options s’offrent à l’AÉCS : le Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).
Le MDE, dont un des congrès de fondation a lieu au Cégep de Sherbrooke en 1995, attire un membership diversifié et large (groupes sociaux, syndicats et associations étudiantes). Il privilégie les actions directes, comme les manifestations. Le MDE comble un vide dans le monde des associations dites combatives entre la mort de l’ANEEQ en 1994 et la naissance de l’ASSÉ en 2001. Le MDE reste marginal et compte, à son apogée, 15 000 membres.
La FECQ, née en 1990, est en expansion et une majorité d’associations étudiantes locales (au collégial) en sont membres. La FECQ, plus à droite que le MDE, est fondée sur le réalisme et le pragmatisme, ce qui lui vaut les qualificatifs peu enviables de corporatiste, d’opportuniste ou encore de club-école du Parti Québécois.
Or, en 1995, quelques membres de l’AÉCS donnent leur accord pour devenir membre de la FECQ. Un référendum, tenu dans des conditions discutables l’année suivante, confirme cette adhésion, mais la divulgation des résultats ne s’effectue pas en assemblée générale et la légitimité de la démarche est compromise. Même si une cotisation est donnée à la FECQ en 1995, l’AÉCS ne reconnaît pas son appartenance et met fin aux versements. En guise de représailles, la FECQ entame des poursuites judiciaires contre l’AÉCS, mais ne pourra obtenir gain de cause.
De 1995 à 2001, l’AÉCS se considère donc indépendante de toute affiliation nationale, mais participe en alternance aux instances du MDE et de la FECQ selon ses besoins et l’intérêt de ses membres.

ASSÉ – 2001

Le congrès de fondation de l’Alternative pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) se tient les 24 et 25 février au Cégep de Sherbrooke. Le terme Alternative sera remplacé par Association quelques semaines plus tard.
L’ASSÉ, tributaire du mouvement étudiant combatif dit de gauche, se donne non seulement pour mission d’agir pour une éducation gratuite, laïque et de qualité : elle place la lutte pour la justice sociale et l’égalité au centre de ses préoccupations et se positionne contre la mondialisation néolibérale.
L’influence des courants altermondialistes et anticapitalistes traverse l’ASSÉ et la première lutte qui la fait connaître est le combat contre le projet de Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), suivi de la lutte pour protéger les prêts et bourses en 2005. L’ASSÉ joue ensuite un rôle central dans la mobilisation du printemps érable (2012).
L’AÉCS est membre de l’ASSÉ depuis 2001.

Sherbrooke en lutte: la grève de 1984

En 1984 se tient une grève de quatre semaines considérée comme le début du réveil de la population étudiante collégiale des années 1980.
Cette mobilisation entraine dans son sillage les élèves des écoles secondaires de l’Estrie ainsi que plusieurs autres cégeps régionaux. Elle met de l’avant les déficiences du système d’aide financière aux études et prépare le terrain à une réforme progressiste des prêts et bourses, adoptée en 1986.
Année oubliée dans l’histoire du mouvement étudiant, 1984 marque pourtant un tournant historique pour une autre raison. En effet, le moyen d’action privilégié depuis les années 1960 est l’occupation de locaux, dans le but de prendre possession du Cégep, de s’approprier l’éducation. Mais le recours aux injonctions par les directions locales marque la fin des occupations massives : désormais la contestation étudiante sort des murs et s’expose au public.
LE CONTEXTE : DE NOUVELLES RÈGLES
Le Ministère de l’Éducation annonce un Projet de règlement des études collégiales (PREC), très critiqué par les étudiant·e·s :
« On contrôle et limite l’administration des étudiants par l’ajout de cours obligatoires de maths, d’histoire, d’économie et l’exigence nouvelle d’avoir complété son diplôme d’étude secondaire avant d’accéder au cégep. »
(Matricule Zéro, vol. 5, no11, hiver 1981, p. 7)
Le PREC vise également à créer des Attestations d’études collégiales, soit des formations courtes et construites en fonction des besoins des entreprises, un arrimage inquiétant. On doute de la capacité des cégeps de maintenir des programmes uniques, comme le Multi ou l’Alternative, deux parcours de formation qui offrent une pédagogie par projets, adaptée au rythme de chaque personne. Plusieurs étudiant·e·s engagé·e·s socialement y étudient.
En plus du PREC, les étudiant·e·s en ont contre le Règlement de vie étudiante. Ce règlement, mis en place en 1982 à la demande du gouvernement, permet selon l’AÉCS de renvoyer du Cégep certaines personnes qu’on juge indésirables.
Ces nouvelles règles, jugées répressives, sont perçues comme une façon d’encadrer l’action étudiante et de contrôler l’implication de type syndical. Le traumatisme de l’automne 1982, alors que les conflits dans la fonction publique se sont terminés par l’imposition de lois spéciales et la révocation du droit de grève, est bien présent.

LES PRÊTS ET BOURSES
En 1982, le Ministère de l’Éducation annonce une augmentation de 10,5 % des prêts, doublée d’un gel des bourses. Alors que le taux de chômage est de 40 % chez les jeunes de 18-25 ans en Estrie et que l’économie est mise à mal, cette décision sème la grogne.
LA LOI 32
La Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants est adoptée en 1983. Cette loi unique au monde encadre la création et le processus de reconnaissance des associations, auparavant laissées à elles-mêmes. La loi 32 est mal reçue, car on y voit une volonté d’ingérence et de contrôle de la part du gouvernement.
LES DOSSIERS INTERNES
Des dossiers épineux attisent la colère contre le directeur général du Cégep de Sherbrooke, comme la menace de fermeture du Centre À moins que…, le déménagement du café étudiant et la hausse des frais d’inscription. La Direction refuse de verser la cotisation étudiante à l’AÉCS au début de l’année, ce qui ajoute l’insulte à l’injure.
LE DÉROULEMENT
Le 21 mars 1984, une assemblée générale réunit près de 3 000 membres, une des plus grosses assemblées jamais tenues à l’AÉCS. Cinq heures plus tard, le vote de grève, avec comme moyen d’action une occupation d’une semaine, est adopté à 85 %. Le personnel du Cégep est reconduit à l’extérieur et l’occupation commence le soir même.
Des comités se mettent en branle : information, animation, alimentation, accueil, entretien, sécurité. Tous les cours, ainsi que les stages en soins infirmiers, sont interrompus. Le lendemain, l’AÉCS annonce dans un communiqué que tous les pavillons sont occupés, paralysant les activités au Cégep… y compris le congrès régional du Parti Québécois.
Toutefois, quelques heures plus tard, la direction obtient une injonction de la Cour supérieure qui ordonne « de cesser de contrôler, diriger, restreindre ou perturber l’accès à tout dirigeant, cadre, professeur ou salarié du collège et de cesser de tenter de les expulser (…) et de ne pas entraver la libre circulation des personnes ayant le droit de fréquenter le Cégep ».
Les étudiant·e·s manifestent leur mécontentement devant le Cégep. Des lignes de piquetage sont tenues. Le Cégep est ouvert seulement pour la tenue des assemblées et le climat est tendu : l’AÉCS demande l’assistance d’un médiateur et l’Assemblée générale effectue un vote de non-confiance envers le Directeur général du Cégep.
Selon un témoin, la CSN Estrie supporte l’AÉCS en lui offrant un local dans ses bureaux. Quelle n’est pas leur surprise de voir débarquer un conseil de grève de 100 personnes ! Autre fait inusité : deux membres de l’AÉCS, Gail Smith et Richard Tremblay ainsi qu’une citoyenne sherbrookoise — Pauline Daigle, mère de deux enfants prochainement inscrits au Cégep — entament une grève de la faim qu’ils poursuivent jusqu’au 9 avril.
Les assemblées générales reconduisent la grève à chaque semaine, car le Ministre de l’Éducation refuse de discuter avec les étudiant·e·s. Dans le but d’augmenter la pression, 200 membres de l’AÉCS participent à une occupation des locaux de Télé-Québec à Montréal (Radio-Québec à l’époque), avec 500 autres étudiant·e·s.
Pendant ce temps, une quinzaine de cégeps et une vingtaine de polyvalentes se lancent dans une offensive de grève de trois jours. Une grande marche réunit 1 000 personnes du secondaire et du collégial dans les rues de Sherbrooke.
Le Ministre promet finalement d’étudier durant l’été la question des prêts et bourses et l’assemblée générale de l’AÉCS décide de voter un retour en classe le 16 avril. Des comités spéciaux sont formés afin que les reprises de stages, de cours et la livraison des chèques de prêts et bourses se fassent dans l’ordre.
L’AÉCS n’est toutefois pas au bout de ses peines : le Cégep impose une prolongation de la session d’une durée de deux semaines. Le Conseil d’administration procède à huis clos en expulsant de la séance les membres étudiants et les membres du personnel.
Le déroulement de la grève et l’intransigeance de la direction créent un climat de méfiance qui va perdurer longtemps.

L’essence de l’AÉCS: les comités

À l’AÉCS, on aime les comités. Ce sont des microcosmes ardents du militantisme, des cercles décloisonnés où bouillonnent les idées, des groupes de travail créatifs qui mettent la main à la pâte quand vient le temps de passer à l’action. Leurs initiatives varient dans le temps, mais sont toujours au cœur de la structure organisationnelle de l’AÉCS.
La diversité et la pérennité des comités traduisent les aspirations, les préoccupations et les valeurs portées par les étudiant·e·s qui décident de faire bouger les choses, au Cégep comme à l’extérieur de ses murs.
Il fut une époque ou plusieurs d’entre eux disposaient d’un local, ce qui favorisait leur dynamisme. Aujourd’hui, tous doivent partager les mêmes espaces (hormis les comités verts que sont les comités jardin, fripe, écolo et le CASA qui ont leur local vert), mais il n’en demeure pas moins que leur présence est marquante et essentielle dans l’univers souvent formaté du Cégep.
Les initiatives marquantes de l’AÉCS sont nées de comités et il serait difficile de leur rendre hommage sans en oublier quelques-uns. Voici tout de même plusieurs exemples glanés au fil du temps. Prenez note que la liste suivante est non-exhaustive, que les dates sont parfois approximatives et que l’appartenance de ces groupes à l’AÉCS ou à d’autres instances n’est pas toujours claire.

1968-1980
RADIO CÉGEP
JOURNAL
COMITÉ D’ACTION POLITIQUE
REGROUPEMENT ÉTUDIANT POUR UN QUÉBEC FRANÇAIS
COMITÉS DE L’ASSOCIATION COOPÉRATIVE ÉTUDIANTE
COMITÉ DES PRÊTS ET BOURSES
COMITÉ DE SPECTACLES

1981-2000
COMITÉ FEMMES
CENTRE D’INFORMATION D’AIDE ET D’ÉCHANGE GAI
CENTRE DE RENSEIGNEMENTS ET INTERVENTIONS EN HOMOSEXUALITÉ
CÉGÉPIENS ET CÉGÉPIENNES POUR LA PAIX
MOUVEMENT POUR L’ENVIRONNEMENT AU CÉGEP DE SHERBROOKE
CENTRE À MOINS QUE…
CAFÉ ÉTUDIANT L’HABITUGUES
TROUPE DE THÉÂTRE L’AVRIL
COMITÉ LOGEMENT ÉTUDIANT (CLÉ)
COMITÉ DE TRAVAIL À L’ACTION CONSCIENTISANTE (CTAC – « C’EST ASSEZ »)
FRONT DE LIBÉRATION DU CORRIDOR À BULLES

2000-2023
COMITÉ DE MOBILISATION
COOPÉRATIVE INFORMATIQUE DU CÉGEP DE SHERBROOKE
CAFÉ L’ÉQUITABLE
MOUVEMENT POUR LA PAIX ET LE PLAISIR
ASSOCIATION SOLIDARITÉ AFRICAINE
ASSOCIATION NEUTRE DES GAIS, LESBIENNES ET BISEXUELLES (ANGLE-B)
COMITÉ DES IDENTITÉS ET DES ORIENTATIONS SEXUELLES ET AMOUREUSES LIBRES (CIOSAL)
COMITÉ LINUCS
COMITÉ INDÉPENDANTISTE
COMITÉ DES PARENTS-ÉTUDIANTS (CPE)
COMITÉ BAJA
COMITÉ D’AIDE AUX TROUBLES D’ACCESSIBILITÉ ET AUX TROUBLES D’APPRENTISSAGE
COMITÉ DES ÉTUDIANTES ET ÉTUDIANTS INTERNATIONAUX AU QUÉBEC
REGROUPEMENT DES ARTISTES LITTÉRAIRES DU CÉGEP DE SHERBROOKE
COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE ANTICAPITALISTE CONTRE LA HIÉRARCHIE ET L’AUTORITÉ (CRACHA)
JARDIN COLLECTIF

ÉCOLO

AMNISTIE INTERNATIONALE
COMITÉ INTÉGRATION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
COMITÉ FRIPERIE
CASA (COMITÉ ANTISPÉCISTE DE L’AÉCS OU COMITÉ D’AMITIÉ ET DE SOUTIEN AUX ANIMAUX)
COMITÉ UNITAIRE SUR LE TRAVAIL ÉTUDIANT
EUMC – PER (Parrainage étudiant·e·s réfugié·e·s)
RADIO CAHO

Le sens de la solidarité: la grève de 1996

L’AÉCS, c’est un organisme avec une structure, une mission, des règlements, des protocoles, des procès-verbaux et des documents. Son histoire est faite de paperasse, de dates et d’évènements. Mais au-delà du concret et de l’action, l’histoire de l’AÉCS est surtout faite d’humanité, de solidarité, de dépassement de soi et de fierté collective.
Militer dans une association étudiante permet de s’ouvrir sur des idées marginales ou nouvelles, de briser l’isolement individualiste, de bousculer l’ordre social établi et de remettre en question nos modes de vie. C’est peut-être pourquoi plusieurs personnes ont senti leur vie transformée par leurs expériences.

Dans ce texte trouvé lors de l’exploration de nos archives, une étudiante raconte une expérience militante vécue en 1996. Elle est accompagnée de son fils de trois ans lors d’un bed-in de dix jours visant à protester contre les mesures du gouvernement de Lucien Bouchard. En effet, au printemps 1996 le gouvernement péquiste, avec Pauline Marois comme ministre de l’Éducation, annonce l’instauration de la cote « R », qui remplace la cote « Z », des coupes de plus de 700 millions en éducation, une réforme régressive de l’aide financière, ainsi qu’une hausse de 30 % des frais de scolarité. Durant l’automne, une grève est lancée et la frange combative du mouvement étudiant, qui est en dormance depuis la fin des années 1980, reprend de l’ampleur. De la fin octobre à la fin novembre, plusieurs associations étudiantes entrent en grève générale. 100 000 personnes sont en grève au plus fort du mouvement. Ce sera une victoire partielle : le gouvernement ne fait aucune concession, mais accepte de geler les frais de scolarité. L’AÉCS n’est pas en reste et fait partie du mouvement de grève du 7 au 18 novembre.

­Personnellement, je l’ai vécue, cette grève, d’une façon similaire, mais j’ai d’autres remarques à apporter. Au tout début, j’étais contre l’idée de faire la grève car, comme plusieurs, je ne voyais pas l’utilité d’une telle chose. Je ne voyais pas en quoi ça pourrait influer sur la décision du gouvernement. J’avais oublié un petit détail : nous n’étions pas les seuls à faire la grève. C’était un mouvement de masse qui avait un poids beaucoup plus grand que je n’aurais jamais pu imaginer. J’étais prête à participer aux moyens de pression, mais je ne voulais pas y consacrer toutes mes énergies. Finalement, j’ai changé d’opinion en cours de route.

J’ai surtout pensé au futur, à mon fils qui, un jour, ira peut-être au Cégep et à l’Université à son tour et je n’avais aucunement envie qu’il ait à payer pour avoir la même chose que moi, dont j’ai pu profiter gratuitement. D’une façon comme de l’autre, je me trouvais à payer quand même. Donc, j’ai décidé de m’impliquer à fond. C’est-à-dire, à tous les jours, j’y étais avec mon fils. Je l’ai emmené avec moi aux nombreux bed-in afin de vivre une expérience hors du commun. Plusieurs trouvaient que c’était une idée géniale, mais par contre, beaucoup désapprouvaient le fait que je l’emmène dormir au Cégep. Ils prétendaient que ce n’était pas un endroit pour un enfant de trois ans, que sa place aurait dû être à la maison avec moi. Ce à quoi je leur répondais que dormir au Cégep ou dans une tente de camping, la différence était minime.
Il y avait aussi le facteur sécurité, assuré soit dit en passant par les étudiants de Techniques Policières qui ont fait un boulot remarquable, mais ça, j’y reviendrai plus tard. Donc, tous les éléments étaient en place pour lui faire vivre une expérience hors du commun et surtout, enrichissante. Il demandait souvent pourquoi nous faisions cela et je m’efforçais de lui répondre en termes simples, pourquoi nous étions là. L’aspect social était très présent aussi et je crois que c’est ce qu’il a le plus aimé de toute son aventure, car pour lui, c’était une aventure, un peu comme s’il partait en expédition dans un pays étranger. Après la première nuit, c’est lui qui redemandait de dormir avec les « amis du Cégep » comme il les nommait. Il est devenu en quelque sorte une espèce de mascotte pour la grève. Il avait compris que le gouvernement voulait garder ses sous dans sa poche avec un zipper parce qu’il ne voulait pas partager et que nous faisions la grève parce que nous n’étions pas contents de ça. Quand la grève eut été terminée, il voulait retourner dormir au Cégep, à la café rouge avec ses nouveaux amis. Je crois que c’est une expérience qu’il n’est pas près d’oublier.

J’ai été un peu déçue de voir que nous n’avons pas obtenu grand-chose des revendications que nous avions formulées. La seule chose que nous avons obtenue, c’est le gel des frais de scolarité à l’Université, mais c’était une promesse faite lorsque le gouvernement péquiste a pris le pouvoir. Comme mon fils, j’ai été surtout marquée par l’aspect social de la grève. Nous sommes 6 092 étudiants au collège et nous ignorons pour la plupart, ce que chacun pense. On se reconnait lorsqu’on se croise dans les corridors, mais sans jamais vraiment se parler. On ne connait souvent, même pas le nom de notre interlocuteur, ni ce qu’il ou elle fait ou dans quel domaine on étudie. Les bed-in ont été une belle occasion qui nous a permis de se connaître, de se parler et de faire tomber certains préjugés qui existaient.

Prenons l’exemple qui m’a le plus marqué; les étudiants en Techniques Policières. Tous savaient très bien qu’elle était leur position face à la grève et qu’ils étaient contre cette idée. Cela ne les a pas empêché de participer, à leur façon, à la grève. Pendant tous les bed-in, ils étaient là afin d’assurer la sécurité des lieux et de veiller à ce qu’aucun incident fâcheux ne survienne. Moi la première, je dois avouer que j’avais des préjugés face à ces gens; je les croyais « snobs », « tête enflée », « pas parlables », et à mon grand plaisir, je me suis rendu compte qu’il n’en était rien. Pendant mes longues nuits blanches, j’allais discuter avec eux, de tout et de rien, pour finalement m’apercevoir que ce n’était qu’une mauvaise idée qu’on se faisait d’eux.

D’ailleurs, je ne suis pas la seule à avoir fait ce constat, à l’amiable. De belles amitiés se sont créées, d’autres ont évolué, quelques-unes ont peut-être pris fin, mais je crois que tous en sont ressortis gagnants de cette belle expérience. Il est vrai que certains jours ont été plus pénibles que d’autres, mais ça fait partie du lot. Le facteur stress était aussi très présent, ce qui avait pour effet de créer des tensions additionnelles, mais dans l’ensemble, tout s’est bien déroulé. Quand les étudiants du Collège Bishop’s sont venus se joindre à nous, tout le monde a bien réagi. Personne n’a eu de commentaire négatif et, quand ils ont eu besoin de quelque chose, ils l’ont obtenu.
Comme j’ai dit plus tôt, même si ça n’a pas changé grand-chose au niveau gouvernemental, ça a changé beaucoup de choses sur le plan social. Je suis beaucoup plus tolérante face aux autres qui ne pensent pas toujours comme moi, et je crois que je ne suis pas la seule dans cette situation. Tous sont devenus plus riches de connaissances et c’est très important d’avoir des connaissances dans cette société dans laquelle nous vivons présentement où c’est surtout le chacun-pour-soi qui prime. Ça n’a pas été tous les jours faciles, il y a des jours où tout nous énervait, où nous avions de la difficulté avec certaines personnes, mais ça rentrait dans l’ordre assez rapidement.
Nous avons appris à nous parler en nous respectant l’un l’autre et en laissant le temps à chacun de s’exprimer librement. J’ai compris ce que voulait dire le terme solidarité. Peu importe ce que tu penses, nous sommes tous dans le même bateau et nous devons ramer ensemble si nous voulons arriver à quelque chose dans la vie. Nous devons nous tenir la main et tenter de travailler dans le même sens si nous voulons faire avancer notre cause. Notre force réside dans l’unité et non dans l’individualité. Si la grève n’a servi qu’à ça, c’est déjà un grand pas vers la réussite et ce sera toujours un bon point de gagné en notre faveur. Nous avons prouvé que nous pouvions travailler ensemble et que nous étions déterminés à ne pas nous laisser marcher sur les pieds. C’est pourquoi je dis : VIVE LA GRÈVE !

Les cafés étudiants

C’EST LE TEMPS D’UN CAFÉ!
1980
Le café L’Habitugues, situé au pavillon 5, est inauguré en septembre. Le nom du café est choisi en hommage à Hugues, un étudiant décédé accidentellement.
Le café, financé en partie par l’AÉCS et par le Service d’ani­mation, doit s’en tenir à une liste stricte de produits dictée par la direction du Cégep. Selon des témoins, les étudiant·e·s cachent des denrées sous le comptoir pour contourner le problème. L’Habitugues, qui permet à plusieurs d’occuper un emploi, est aussi un lieu festif où se tiennent des spectacles de chansonniers, des soirées de poésie et des fêtes thématiques. Il est ouvert dans une ambiance de critique envers la cafétéria, dont la nourriture est qualifiée de malbouffe. Dans les pages du journal étudiant, on annonce même la venue d’un nouveau plat, en réaction à la découverte d’un intrus dans un hamburger de la cafétéria : le mouche-burger !

1982
Partout au pays, l’économie est mise à mal par l’inflation, la hausse des taux hypothécaires et le chômage. Des coupures majeures en éducation affectent le Cégep, qui doit rentabiliser la cafétéria : c’est le retour d’un concessionnaire privé après onze ans de gestion par le Cégep.
La logique du profit pousse le nouveau concessionnaire à baisser les salaires et la qualité de la nourriture. Les prix montent; les membres de l’AÉCS, en situation financière précaire, crient à l’injustice.
1992
Le café L’Habitugues ferme ses portes en 1985, et c’est le début d’une ère de 20 ans sans café étudiant. En 1992, malgré une pétition de 1 500 noms pour la mise sur pied d’un café étudiant envoyée à la Direction, rien n’est fait. Les étudiant·e·s veulent disposer un lieu d’échange paisible et la possibilité d’organiser des activités culturelles, des conférences et des débats.
2004
L’écriture d’un projet de coopérative alimentaire donne naissance au café L’Équitable. À ce moment, aucune alternative alimentaire n’existe sur le campus, les services alimentaires étant octroyés à une entreprise privée qui détient un monopole contractuel.
L’Équitable, un comité de l’AÉCS, fonctionne comme une coopérative de travail. Il ne possède pas de cuisine complète, mais les membres y fabriquent tout de même des sandwichs. Tout ce qui est vendu au café est biologique, équitable et de provenance locale. C’est une initiative visionnaire reconnue en 2005 par le Concours québécois en entreprenariat, qui initie un changement significatif dans les habitudes de consommation sur le campus.
2008
Un groupe de réflexion formé d’étudiant·e·s, de membres du personnel et de cadres qui désirent accroitre l’offre en nourriture saine sur le campus dépose une proposition de projet coopératif. L’emploi étudiant, la qualité de l’offre et le respect de l’environnement font partie des objectifs mis de l’avant. Pour y arriver, la fusion de L’Équitable et de la Coopérative informatique est réalisée sous l’égide de l’AÉCS.

 

Taxe à l’échec et Sommets (1996-2001)

Prélude

Au printemps 1996, le gouvernement péquiste annonce des coupes de 700 millions de dollars en éducation, ainsi qu’une réforme de l’aide financière aux études. La cote R, qui remplace la cote Z comme mesure du rendement des étudiant·e·s, est instaurée. Une hausse de 30 % des frais de scolarité universitaire est également prévue.

Cette même année, l’AÉCS adopte une plateforme humaniste appelée De l’éducation, dans son expression globale et pour elle-même, qui remplace la charte de 1973. La plateforme positionne l’AÉCS comme un syndicat étudiant de combat qui met de l’avant le principe de gratuité scolaire.

Durant l’automne, la frange combative du mouvement étudiant, en dormance depuis la fin des années 80, prend de l’ampleur. Si bien que, de la fin octobre à la fin novembre, plusieurs associations étudiantes entrent en grève. L’AÉCS n’est pas en reste et ses membres débrayent du 7 au 18 novembre.

Le gouvernement accepte de négocier et de procéder à un gel des frais de scolarité. Quelques mois plus tard, il instaure toutefois une nouvelle stratégie pour refiler la facture aux étudiant·e·s: la mesure d’incitation à la réussite au collégial, que l’on rebaptise la taxe à l’échec.

Une taxe qui attaque

La taxe à l’échec, soit des frais supplémentaires à payer en fonction des cours échoués, commence à être appliquée en 1997. Ce n’est pas une idée nouvelle; les libéraux l’ont inventée quelques années plus tôt sans pouvoir la mettre en œuvre.

Dès 1998, on constate que la mesure est dysfonctionnelle, car le taux d’abandon augmente au lieu de baisser. L’accessibilité aux études est menacée et, à l’instar de plusieurs autres associations étudiantes, l’AÉCS se mobilise. Elle adopte une stratégie visant à convaincre le Conseil d’administration du Cégep de refuser d’appliquer la mesure. Les membres du Conseil son dérangés par des appels, par l’envoi de lettres et par des perturbations diverses, comme un sit-in militant durant une séance du Conseil.

En 2000, un refus du paiement des factures liées à la taxe à l’échec s’organise à travers le Québec. L’AÉCS propose d’aider financièrement ses membres qui boycottent la taxe, car le Cégep retient leur horaire.

La pression augmente l’année suivante : les associations étudiantes collégiales questionnent la légalité de la taxe à l’échec et font appel à des juristes dans leurs recours contre les cégeps.

Au printemps 2001, le Cégep de Sherbrooke annonce finalement qu’il mettra fin à cette mesure, ce qui constitue une première dans le réseau collégial québécois. D’autres cégeps emboitent le pas et, le 5 octobre, grâce aux pressions politiques et juridiques déployées, la taxe à l’échec est abolie.

Au sommet trônent les maîtres du monde

Dans les années 1990, les étudiant·e·s remettent en question la mondialisation des échanges économiques. Profitable pour les banques et les grandes entreprises, la libéralisation du commerce entraine la primauté du développement au détriment des droits humains, des collectivités et de l’environnement. Les écarts entre riches et pauvres se creusent.

Dans la foulée, le sous-financement des programmes sociaux soumet l’éducation à des pirouettes financières qui ouvrent la porte à la privatisation. Par exemple, suite à la réforme Robillard de 1993, le Cégep de Sherbrooke met sur pied une Fondation pour solliciter les dons privés dans le but de financer des projets éducatifs. On voit aussi apparaitre des panneaux publicitaires dans les salles de bain.

La lutte contre le capitalisme sauvage s’incarne dans la dénonciation de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI), avec l’opération Sal’Ami en 1998 à Montréal. En 1999, lors d’un sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, les actions collectives menées par des groupes de pression du monde entier perturbent la rencontre et le sommet est compromis.

Le mouvement anticapitaliste et altermondialiste est en marche et beaucoup d’étudiant·e·s y participent, car il devient évident que la classe politique ne protège plus le bien commun.

Le Sommet du Québec
et de la jeunesse

Plus près d’ici, le 22 février 2000, le Premier Ministre péquiste Lucien Bouchard convoque les membres de la société civile et des regroupements jeunesse au Sommet du Québec et de la jeunesse, annoncé comme une réflexion collective sur l’avenir. Dans la mouvance des réformes austères du gouvernement, mises en place depuis 1996 pour atteindre le déficit zéro, l’objectif politique de l’exercice est plutôt de créer un consensus pour une paix sociale durable.

Or, le contrôle des thèmes des discussions et la sous-représentation des jeunes, soumis à un exercice démocratique bidon, sont vite dénoncés. Plusieurs exclus de la rencontre officielle organisent un sommet alternatif afin de discuter des vrais enjeux, notamment des problèmes de la pauvreté et de l’exclusion sociale.

Dès l’ouverture de la rencontre, les groupes étudiants qui collaborent, comme la FECQ et la FEUQ, causent la surprise et forcent la modification de l’ordre du jour. À l’extérieur, la jeunesse contestataire, soit environ 2 500 personnes — dont des membres de l’AÉCS — respire des gaz lacrymogènes pour une première fois depuis plusieurs années.

Le Sommet des Amériques

En avril 2001, la tenue d’un autre sommet à Québec mobilise non seulement la jeunesse étudiante, mais une majorité des forces progressistes québécoises : le Sommet des Amériques, qui vise à créer la Zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA).

Un contre-sommet, le Sommet des Peuples, et une immense marche sont organisé·e·s en basse-ville : entre 50 000 et 60 000 personnes participent. Pendant ce temps, l’élite socio- économique se réunit dans une enceinte sécurisée et clôturée de la haute ville.

Le dispositif de sécurité mis en place est très médiatisé, de même que les manifestations le long du périmètre inaccessible. Certaines personnes parviennent à abattre une portion de la clôture, mais la brèche est vite colmatée. La force de la répression est telle que des centaines d’arrestations arbitraires ont lieu. Les conditions de détention sont décriées.

L’AÉCS mobilise environ 200 membres pour l’occasion. Au retour, elle continue la lutte contre la ZLÉA en organisant des séances d’information, des consultations, des conférences et des actions pour sensibiliser les gens aux dangers de la marchandisation de l’éducation. Plus motivés que jamais, les membres remportent la bataille contre la taxe à l’échec et contre les publicités invasives dans les salles de bain sur le campus.

Le caractère alter- ou antimondialiste qu’acquièrent progressivement les revendications du mouvement étudiant québécois (de sa branche la plus militante du moins) au tournant des années 2000 témoigne d’une certaine redéfinition et internationalisation des luttes mises de l’avant par celui-ci. C’est d’ailleurs dans ce contexte que naîtra l’ASSÉ, qui incarne bien ce changement de culture militante.

Les journaux étudiants

PLUS QU’UNE IMPRESSION
La presse étudiante existe au Québec depuis plus d’une centaine d’années. Les journaux étudiants deviennent des incontournables sur les campus dans les années 1960-1970, moment où le nombre d’associations et de regroupements étudiants explose.
Le journalisme étudiant, qui se fait le vecteur d’idées révolutionnaires ou irrévérencieuses, est confronté au contrôle de l’information et à la censure, mais il renaît toujours de ses cendres, porté par de nouvelles générations militantes. Il se dote même d’un organisme national autonome, la Presse étudiante du Québec (PEQ). On retrouve d’ailleurs plusieurs textes écrits par la PEQ dans les journaux de l’AÉCS.
Au cœur de la vie militante du Cégep de Sherbrooke durant plusieurs décennies, les journaux produits par l’AÉCS sont en voie de disparition depuis les dernières années. La diffusion des idées, les débats et les appels à la mobilisation se font via des médias et des publications électroniques.
Le journal étudiant le plus célèbre au Cégep de Sherbrooke est certainement le Matricule Zéro, publié de 1977 à 1991. Ses pages regorgent d’articles qui reflètent les préoccupations étudiantes; celles d’une jeunesse qui tente de faire valoir ses idées sur un terrain occupé par les médias de masse et les moutons de l’information.

Printemps rouge à Sherbrooke, la grève de 2012

CONTEXTE
Entre 2007 et 2012, le gouvernement libéral procède au deuxième dégel des frais de scolarité universitaire. Ils passent de 1 668 $ à 2 168 $ par année. Plusieurs associations étudiantes réagissent, mais la mobilisation est ardue. Les libéraux ont le feu vert et donnent un grand coup de barre : une hausse de 1 625 $ étalée sur cinq ans qui porterait les frais à 3 793 $ en 2017.
Durant l’automne 2011, la hausse est sur toutes les lèvres. Des membres de l’AÉCS participent aux pétitions, gestes symboliques, grève de quelques jours et tentatives de communication avec les instances gouvernementales.
Dès le mois de février 2012, plusieurs associations étudiantes collégiales et universitaires sont en grève générale et joignent les rangs de la Coalition Large de l’ASSÉ (la CLASSE), qui compte 67 associations alliées. Les membres de la FECQ et de la FEUQ débrayent également. En mars, le mouvement compte 316 000 grévistes, du jamais vu. À Paris, Londres, New York et Bruxelles, des gens arborent le carré rouge et manifestent leur soutien contre la hausse des frais de scolarité, dans un contexte où l’Angleterre, le Chili, l’Espagne et l’Italie − entre autres − luttent contre la marchandisation du savoir et la privatisation de l’éducation.
Des manifestations d’envergure confirment la grogne étudiante et l’appui de la population, comme celle du 22 mars, qui réunit 200 000 personnes à Montréal. Les carrés rouges sont partout. Tellement que Jean Charest, le chef du gouvernement, propose de leur « trouver une job dans le nord ».
Le gouvernement est absolument inflexible et la grève s’étire sans résultat. Se produit alors un évènement qui distingue la mobilisation étudiante de 2012 de toutes les autres.
Au début avril, le conflit se déplace dans l’arène judiciaire, alors que des étudiant·e·s poursuivent en justice leur propre association étudiante, cégep ou université, pour forcer la tenue des cours. Les carrés verts revendiquent le droit à l’éducation sur la base d’un contrat individuel de type utilisateur-payeur et les juges leur donnent raison.
Loin de créer l’effet de division escompté, ces recours inusités ont l’effet d’un électrochoc. Le non-respect des décisions des assemblées générales, additionné à l’attitude paternaliste des magistrats qui remettent en question le droit de grève et à la répression policière qui sévit non seulement dans la rue mais aussi sur les campus, met le feu aux poudres.
Outrés, des centaines de membres d’associations étudiantes décident de désobéir. Le mouvement de grève trouve son second souffle et il n’y a toujours pas d’entente en vue.
Une loi spéciale est imposée le 18 mai dans le but de casser la résistance des grévistes et de restreindre le droit de manifester. Les citoyennes et citoyens dénoncent cette décision par un concert quotidien de casseroles. Les appuis aux grévistes se multiplient et les manifestations nocturnes deviennent le cauchemar d’un gouvernement entêté, mais en perte de contrôle. Le mouvement de grève se prolonge tout l’été dans certaines universités et ce, malgré plus de 2 700 arrestations.
Le printemps érable devient une crise sociale et entraine la chute du gouvernement, qui est forcé de déclencher des élections en septembre. Le Parti Québécois l’emporte, annule la hausse des libéraux, abroge la loi spéciale et organise un Sommet sur l’enseignement supérieur qui n’aboutit à aucun consensus. Le gouvernement de Pauline Marois procède alors à une indexation annuelle de 3 % des frais de scolarité et des frais afférents. L’idée de gratuité scolaire comme projet de société est reléguée, une fois de plus, aux oubliettes.

À SHERBROOKE

L’AÉCS convoque ses membres en assemblée générale de grève le 29 février 2012. Un mandat de grève reconductible est adopté et, chaque semaine, un vote secret confirme la poursuite de la lutte.
Du piquetage est organisé dès 7 h chaque matin, suivi d’un conseil de grève pour décider des actions à mettre en branle. Plusieurs actions sont organisées conjointement avec l’Association générale étudiante de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Université de Sherbrooke. Les organismes communautaires et le Syndicat du personnel enseignant du Cégep de Sherbrooke appuient les grévistes. Un regroupement citoyen nommé Estrie contre la hausse est formé.

À partir du 15 mars, l’AÉCS occupe l’Arti’Show et y tient un bed-in dans le but d’avoir un quartier général fonctionnel. Plusieurs actions ont lieu pour signifier au gouvernement qu’il faut ouvrir des négociations : manifestations carnavalesques, vigile nocturne, événements artistiques, teach-in, actions symboliques devant les bureaux des députés et occupation de bureaux, dont ceux de la Chambre de commerce.
Le 18 avril, deux membres de l’AÉCS s’enchaînent aux portes du bureau du Ministère de l’Éducation et dix-neuf personnes, qui les appuient pacifiquement, sont arrêtées. Le jour même, une injonction frappe l’Université de Sherbrooke et une première manifestation nocturne a lieu.
Une injonction est émise contre l’AÉCS le 24 avril. Les cours doivent reprendre, mais, le lendemain matin, des lignes de piquetage massives s’érigent. La tension est à son comble. Des membres en faveur de la reprise des cours, qui arborent le carré vert, se présentent sur place devant les lignes de piquetage, ce qui oblige le Cégep à fermer ses portes pour une raison de sécurité. Cette situation délicate et tendue dure six jours.
L’AÉCS doit s’exiler à toute vitesse et démanteler le bed-in. Plusieurs membres du conseil exécutif de l’Association démissionnent, car iels sont passibles de sévères amendes pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement (dans le cadre d’un outrage au tribunal avéré). Le Cégep est ouvert seulement pour la tenue des assemblées générales, tellement combles que l’utilisation d’un système de diffusion dans plusieurs salles devient nécessaire. La condamnation du caractère anti-démocratique des injonctions est proclamée par une écrasante majorité des membres.
Le 3 mai, après neuf semaines de grève, l’AÉCS vote pour un retour en classe, mais rejette les dernières offres du gouvernement. Les militantes et militants continuent néanmoins de participer aux mobilisations citoyennes, en particulier à celles qui suivent l’adoption de la loi spéciale, dont une MaNUfestation et une manif intergénérationnelle. L’AÉCS est poursuivie pour outrage au tribunal dans les semaines qui suivent la fin de la grève. Les procédures seront par la suite abandonnées.

Poursuites en justice et reconnaissance du droit de grève

L’ARME LÉGALE
Affaire Bruno-Guy Héroux
1980
Durant l’hiver 1980, Bruno-Guy Héroux, membre d’un comité de lutte contre la hausse des loyers des résidences de l’Université de Montréal, participe au mouvement de boycott du paiement des loyers en guise de protestation. Il retient 70 000 $ en chèques déposés dans un coffret de banque à son nom. L’Université de Montréal entame des poursuites pour vol et recel.
Dans tout le Québec, cette affaire devient le symbole du mépris des administrations institutionnelles pour les instances étudiantes et plusieurs interprètent le recours en justice comme une nouvelle stratégie visant à affaiblir non seulement les rebelles de l’Université de Montréal, mais le mouvement étudiant au grand complet.
À l’instar de plusieurs associations étudiantes, l’AÉCS s’insurge et participe toute l’année à une mobilisation nationale avec comme thème l’appui à Héroux et le respect des droits étudiants. Pour protester, des occupations de locaux administratifs ont lieu un peu partout jusqu’en mars 1981. L’affaire se conclut en avril par l’abandon de trois des quatre chefs d’accusation contre Héroux.
En parallèle, l’AÉCS lutte pour sa reconnaissance, dans le contexte où la direction refuse de lui accorder des suspensions de cours pour la tenue des assemblées générales et retient le versement des cotisations qui lui sont dues.
Dès le début du mouvement étudiant québécois, la grande majorité des associations étudiantes locales (et nationales) a adopté une structure (assemblées générales, comités, presses, etc.) et un financement (perceptions de cotisations, selon le principe de la formule Rand) d’inspiration syndicale. Une loi, la Loi québécoise sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants (loi 32), est adoptée par le gouvernement en 1983 pour normaliser et mettre à jour ces questions (statut légal des associations, perception et versement des cotisations).
Cette nouvelle loi met fin à une pratique fréquemment observée au cours des décennies précédentes dans le monde de l’éducation : à savoir le non-versement, par l’administration d’un établissement collégial ou universitaire, des cotisations dues à l’association étudiante accréditée, afin de faire pression sur celle-ci dans le cadre de négociations, litiges, conflits ou mobilisations étudiantes.

Poursuites contre des membres de l’AÉCS
1982
Dans le but de mettre fin aux activités de mobilisation jugées indésirables, plusieurs injonctions sont émises contre les membres de l’AÉCS à la demande de la Direction du Cégep durant les années 1980. L’huissier chargé de porter les documents aux étudiant·e·s était si habitué à leur rendre visite que les membres le nommaient « leur huissier ». Nous avons retracé l’histoire de la poursuite de 1982 à titre d’exemple.
Les délégués de l’AÉCS tentent de signer un contrat (entente de service) avec la Direction du Cégep depuis plusieurs mois. Plusieurs modalités achoppent, dont la perception des cotisations étudiantes (la formule Rand est désirée par l’AÉCS), la suspension des cours lors des assemblées générales, la participation au processus de plaintes pédagogiques et la prolongation de la période d’abandon des cours sans pénalité.
En plus, les frais d’inscription au Centre de l’activité physique passent de 11 $ à 20 $ et des coupures majeures affectent les services aux étudiants, dont l’animation socio-culturelle, l’aide psychosociale, l’orientation professionnelle et le centre des médias.
Les négociations piétinent et la colère monte, si bien que les membres de l’AÉCS, suite à un vote en assemblée, occupent les bureaux de la direction au pavillon 5 les 12 et 13 mai. Une cinquantaine de personnes participent.
Suite à l’incident, le Cégep décide d’entamer un recours légal contre 6 étudiant·e·s pour un montant de total de 6 000 $. Plusieurs personnes n’hésitent pas à qualifier ce geste de répression politique et l’AÉCS demande le retrait des poursuites. La signature de l’entente et le versement des cotisations dues à l’AÉCS sont mis en veilleuse.
Quelques mois plus tard, le conseil d’administration du Cégep menace de ne pas percevoir les cotisations de l’année suivante (1983-1984). Le Cégep exige même l’ajout d’une clause de remboursement volontaire de la cotisation pour les membres en faisant la demande.
Ajoutant l’insulte à l’injure, le conseil d’administration du Cégep décide d’accepter le principe de reconnaitre plus d’une association étudiante sur le campus et propose d’instaurer un nouveau règlement pour baliser la vie étudiante.
La pression est forte et l’exécutif de l’AÉCS cède : pour « sauver les meubles », il signe l’entente sans avoir obtenu l’abandon des poursuites ni le retrait de la règle du remboursement de la cotisation. Le Conseil exécutif lance toutefois une campagne de lettres de protestation contre les poursuites judiciaires et demande l’aide de l’ANEEQ.
À partir de 1983, la loi 32, qui balise le financement et la reconnaissance des associations étudiantes, va atténuer certaines problématiques dont le chantage lié au versement des cotisations effectué par la Direction.

Remise en question du droit de grève
2012
Le conflit étudiant de 2012 est marquant pour plusieurs raisons, dont le phénomène de judiciarisation du conflit. Le recours aux tribunaux par des étudiant·e·s qui remettent en question leur propre droit de grève est un fait nouveau dans l’histoire du mouvement étudiant québécois. L’AÉCS n’y fait pas exception.
Ces événements ont permis de mettre en lumière le fait que, pour plusieurs magistrats du Québec, le droit de grève étudiant, bien qu’exercé depuis 50 ans et bénéficiant d’un cadre d’application éprouvé, n’existe tout simplement pas ! Les jugements rendus alors, bien qu’aujourd’hui encore contestés, établissent la préséance du droit individuel (le « contrat » qui lie l’individu à l’institution) sur le droit collectif défendu et représenté par les associations étudiantes.
Le 19 avril 2012, le juge Gaétan Dumas de Sherbrooke soulève l’ire des militantes et militants lorsqu’il déclare dans son jugement contre l’AGEFLESH:
« Le mouvement de boycottage des cours organisé par les associations étudiantes s’apparente à tout autre boycottage qui pourrait être organisé contre un fabricant de jus de raisin ou d’un magasin à grande surface […] Par contre, si une personne décide de boycotter une entreprise il ne pourra pas pour autant bloquer l’accès de cette entreprise. »
(Carrier et al. c. Université de Sherbrooke et AGEFLESH, alinéa 23)
Quelques jours plus tard, le juge Dumas rend un jugement négatif contre l’AÉCS, elle aussi poursuivie par une poignée de ses membres, réfractaires à la grève. La Direction du Cégep, également visée par la poursuite, est sommée par ordre de la Cour d’assurer le maintien des activités pédagogiques sur le campus. Les personnes présentes lors de l’audience se rappellent le commentaire émit par le juge Dumas pour conclure son allocution : « une directrice générale de Cégep aussi, ça peut aller en prison »…
Nombreuses et nombreux sont les membres de l’association qui défient les ordres de la Cour et dressent des lignes de piquetage massives devant le Cégep, entre le 25 avril et le 3 mai, date de retour en classe voté par l’Assemblée générale. L’AÉCS est poursuivie pour outrage au tribunal dans les semaines suivantes, mais les procédures sont abandonnées par la suite.
Gabriel Nadeau-Dubois, un porte-parole de la CLASSE ayant dénoncé sur les ondes publiques la judiciarisation du conflit, a été poursuivi et condamné à des travaux communautaires pour outrage au tribunal en 2012. Cela n’est pas sans rappeler les événements de 1972 et l’emprisonnement des chefs syndicaux pour avoir encouragé leurs membres à défier une loi spéciale. La cause se trouve présentement devant la cour suprême du Canada.

Ligne du temps 1 : avant l’ouverture du Cégep de Sherbrooke (1944-1968)

Repères chronologiques non-exhaustifs de l’action étudiante au Cégep de Sherbrooke dans le contexte québécois
1944
Élection de l’Union nationale. PM : Maurice Duplessis.
1945
Fin de la Seconde Guerre mondiale.
1946
En France, élaboration de la « Déclaration des droits et devoirs de l’étudiant », document que l’on nomme la Charte de Grenoble.
1956
Pressions étudiantes auprès du gouvernement du Québec pour la mise sur pied d’une commission royale d’enquête sur l’éducation et demandes de rapatriement des subventions fédérales destinées aux universités.
1958
Grève d’un jour de 21 000 universitaires pour demander l’abolition des frais de scolarité et une meilleure accessibilité aux études.
Chaque matin pendant trois mois, deux étudiants et une étudiante délégués par leurs associations tentent de rencontrer le Premier ministre Maurice Duplessis en se présentant devant son bureau à Québec. On les nomme « les trois braves ».
1959
Décès de Maurice Duplessis.
1960
Élection du Parti libéral du Québec. PM : Jean Lesage.
Début de la « Révolution tranquille ». Le Parti libéral a promis la gratuité scolaire à tous les niveaux lors de la campagne électorale.
1961
Élection d’une première femme à l’Assemblée législative du Québec (Claire Kirkland-Casgrain).
L’Association générale des étudiants de l’Université de Montréal (AGEUM) adopte une charte qui s’inspire de la Charte de Grenoble.
1962
Le nombre d’enfants fréquentant l’école passe de 660 000 à 1 350 000 entre 1945 et 1962. L’éducation devient une priorité pour le gouvernement.
Le Service de l’aide à la jeunesse (aide aux étudiant·e·s en difficulté) change de nom et devient le Service de l’aide aux étudiants, qui est chapeauté dès 1964 par le nouveau Ministère de l’Éducation du Québec.
La Presse étudiante du Québec compte 112 publications membres et discute en congrès d’organiser le mouvement étudiant selon les principes du syndicalisme. L’idée de fonder l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ) est lancée.
1963
Fondation du parti politique Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN).
1964
Création du Ministère de l’Éducation du Québec (MEQ). Ministre de l’Éducation : Paul Gérin-Lajoie.
Conclusions de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement dans la province de Québec (Rapport Parent) : les frais de scolarité sont gelés à 500 $ dans une perspective d’abolition à plus ou moins long terme pour arriver à la gratuité scolaire.
Fondation de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEC), première association étudiante nationale. Cogestion (participation aux décisions internes des institutions), démocratisation de l’école et de la société québécoise, accessibilité de l’éducation : ce sont les revendications majeures de l’UGEC.
Le nationalisme, le statut de la langue française, les luttes ouvrières et l’oppression de la population dans les pays étrangers sont des thèmes qui imprègnent le mouvement étudiant de l’époque.
1966
Élection de l’Union nationale. PM : Daniel Johnson. Ministre de l’Éducation : Jean-Jacques Bertrand.
L’UGEQ demande l’abolition des frais de scolarité et la gratuité scolaire telle que promise par les Libéraux.
Loi sur l’Aide financière aux études (AFE) que l’on nomme aussi « prêts et bourses ».
1967
Ministre de l’Éducation : Jean-Guy Cardinal.
L’UGEQ demande une révision du régime d’aide financière et la mise sur pied des cégeps et d’une université d’état.
Ouverture des 12 premiers cégeps.

Ligne du temps 2: après l’ouverture du Cégep de Sherbrooke (1968-1980)

1968
Décès de Daniel Johnson. PM : Jean-Jacques Bertrand. Ministre de l’Éducation : Jean-Guy Cardinal.
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : Robert Sabourin.
Événements de mai 1968 en France : des milliers d’étudiant·e·s sont dans la rue avec les travailleur·euse·s. Des mouvements de contestation et de libération sont menés par des groupes étudiants partout en Occident.
Fondation du Parti québécois.
Annonce de la fondation du réseau de l’Université du Québec.
Gel des frais de scolarité et début d’une réforme des prêts et bourses.
Nouvel exécutif à l’UGEQ : Claude Charron, Louise Harel et Gilles Duceppe en font partie. Le mouvement étudiant se radicalise; on entend le slogan « participer, c’est se faire fourrer ».
Plusieurs cégeps et une partie de l’Université de Montréal débrayent et occupent. Les revendications sont : la création immédiate d’une deuxième université de langue française à Montréal, la révision du régime des prêts et bourses, une démocratisation des institutions et de la pédagogie et la participation aux décisions institutionnelles.
Bernard Landry, ancien président de l’AGEUM, est conseiller du Ministre de l’Éducation… Il propose la stratégie du lock-out et la grève se termine abruptement.
Ouverture du Cégep de Sherbrooke. Le campus est divisé en deux : le secteur ouest où se trouve l’Institut technique, à l’emplacement actuel de l’école secondaire Le Triolet, et le secteur est, devenu le campus actuel, qui compte quelques bâtiments déjà construits, dont les actuels pavillons 4 et 5.
Fondation de l’Association générale des étudiants du Cégep de Sherbrooke (AGECS). La première personne à occuper le poste de présidence est une femme. L’AGECS est en grève en octobre durant une semaine : c’est la première grève étudiante au Cégep de Sherbrooke.
Dépôt d’un projet de coopérative étudiante par l’AGECS à la direction du Cégep de Sherbrooke.
Première publication d’un journal étudiant au Cégep de Sherbrooke.
1969
Ouverture de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).
Manifestation « opération McGill », nommée communément « McGill français ». 10 000 jeunes aux motivations variées (nationalistes, socialistes), dont des étudiant·e·s, marchent à l’assaut du symbole de l’élite anglo-saxonne qu’est l’Université McGill.
Éclatement de l’Union générale des étudiants du Québec (UGEC).
Ouverture des résidences du Cégep de Sherbrooke, pour filles seulement, jusqu’en 1973. Cela vaut le surnom de « tour des vierges » à ce bâtiment, qu’on nomme également « le toaster ».
1970
Élection du Parti libéral du Québec. PM : Robert Bourassa. Ministre de l’Éducation : Guy Saint-Pierre.
En octobre, crise politique majeure. À la suite des actions du Front de libération du Québec (FLQ), la loi des mesures de guerre est décrétée et l’armée canadienne occupe le Québec. 500 personnes ciblées sont arrêtées et emprisonnées, dont deux journalistes étudiants. Plus de 4 600 perquisitions sont effectuées. La crise d’octobre marque profondément les esprits.
Mouvement des « comités d’action politique » (CAP) dans les cégeps. Ces groupes sont minoritaires, mais très politisés et critiques face au système d’éducation.
1971
L’Association coopérative étudiante du Cégep de Sherbrooke obtient ses lettres patentes. Elle opère les Presses coopératives et le magasin étudiant.
1972
Ministre de l’Éducation: François Cloutier.
Premier Front commun intersyndical. Tous les niveaux d’enseignement, du primaire au Cégep, sont paralysés par la grève. Le gouvernement adopte une loi spéciale pour forcer le retour au travail et tente d’appliquer pour la première fois la norme des 82 jours d’enseignement minimum pour une session collégiale. Injonctions, désobéissance civile et arrestations ponctuent ce conflit hors norme.
Le 9 mai, incarcération des trois chefs syndicaux, Louis Laberge (FTQ), Marcel Pépin (CSN) et Yvon Charbonneau (CEQ), condamnés à un an de prison pour outrage au tribunal. Une quarantaine d’autres syndicalistes sont condamnés à des peines variables d’emprisonnement, dont Michel Chartrand.
Mort de l’Association générale des étudiants du Collège de Sherbrooke (AGECS).
1973
Réélection du Parti libéral du Québec. PM : Robert Bourassa. Ministre de l’Éducation : François Cloutier.
Élaboration de la « Charte de l’association des étudiants du Collège de Sherbrooke ».
1974
Première mobilisation étudiante d’envergure, contre les tests d’aptitude aux études universitaires (TAEU). Le gouvernement recule, le projet est retiré après deux ans d’application. C’est une première victoire importante pour le mouvement étudiant.
Quelques semaines plus tard, première grève générale étudiante au Québec, pour des améliorations aux prêts et bourses.
Au Cégep de Sherbrooke, les grévistes occupent le campus du 28 novembre au 14 décembre.
Manifestation organisée par le Regroupement étudiant pour un Québec français (REQF) devant l’école St-François.
Naissance du journal L’Appeau-Fizz, qui prône l’indépendance du Québec.
La coopérative étudiante se voit confier la vente des manuels scolaires et de notes de cours pour une session.
1975
Ministres de l’Éducation: Jérôme Choquette, suivi de Raymond Garneau et de Jean Bienvenue.
Le Cégep de Sherbrooke est regroupé en un seul campus.
Fondation de l’Association nationale des étudiants du Québec (ANEQ). Cette date est déclarée « Fête nationale des étudiants-es du Québec ».
Fondation de l’Association des étudiants du Collège de Sherbrooke (AÉCS). Le local de l’exécutif est situé au pavillon 3. L’AÉCS est membre de l’ANEQ jusqu’à la dissolution de celle-ci.
1976
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : René Aubry (intérim).
Élection du Parti québécois, pour la première fois au pouvoir. PM : René Lévesque.
Ministre de l’Éducation : Jacques-Yvan Morin.
Le Parti québécois a promis d’instaurer la gratuité scolaire à tous les niveaux et de mettre sur pied le salariat étudiant via un programme de « présalaire ».
Fondation de l’aile universitaire de l’ANEQ, le Rassemblement des associations étudiantes universitaires du Québec (RAEU). Il disparait en 1985, mais on juge qu’il est l’ancêtre idéologique des deux grandes fédérations étudiantes : la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).
L’AÉCS tient sa première assemblée générale officielle.
Le conseil exécutif de l’AÉCS dénonce le noyautage de l’ANEEQ par le Parti communiste canadien marxiste-léniniste (PCCML).
1977
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : José Leroux.
Fusion de la coopérative étudiante et de l’Association étudiante du Cégep de Sherbrooke (AÉCS). Fondation du « Centre À moins que… » (CAMQ).
Le Bureau d’information voyage-jeunesse fonctionne, de même qu’un café étudiant.
Création des associations de programme et du poste de permanence rattachée à l’exécutif.
Début de l’accompagnement en cas de plainte étudiante.
Première édition du journal étudiant Le Matricule Zéro, journal officiel de l’AÉCS qui sera publié jusqu’en 1991.
La radio change de nom : CFRC (CF-Radio-Cégep).
1978
Deuxième grève générale étudiante au Québec, pour l’amélioration des prêts et bourses et la mise en place de la gratuité scolaire.
L’AÉCS est en grève du 20 novembre au 8 décembre et ses membres occupent le Cégep. La cafétéria est le bastion de la résistance.
Début de la photocopie à 2 cents au CAMQ.
1979
Début de l’inclusion de revendications féministes à l’ANEEQ.
Publication dans le journal étudiant du Cégep de Sherbrooke d’une édition spéciale « 8 mars, Journée internationale des Femmes ».
L’AÉCS consulte ses membres sur la question de l’indépendance du Québec.

Ligne du temps 3: les années 1980-1990

1980
Ministre de l’Éducation : Camille Laurin.
Premier référendum sur la souveraineté du Québec.
L’ANEEQ se prononce en faveur du « Oui » au référendum sur la souveraineté du Québec après plusieurs débats déchirants. Le statut du Québec et de la langue française est un thème majeur du mouvement étudiant des années 1970-1980.
Affaire Bruno-Guy Héroux : dans tout le Québec, des étudiant·e·s appuient cet étudiant menacé d’emprisonnement par l’Université de Montréal à la suite de l’application d’un moyen de pression (gel du paiement des loyers des résidences) voté en assemblée générale.
L’exécutif de l’AÉCS dénonce le refus d’accorder des suspensions de cours lors des assemblées générales. La reconnaissance des décisions et des instances étudiantes est une problématique récurrente dans l’histoire du mouvement étudiant.
Inauguration du café étudiant « L’Habitugues », situé au pavillon 5.
1981
Réélection du Parti québécois. PM : René Lévesque. Ministre de l’Éducation : Camille Laurin.
Réductions budgétaires majeures par le gouvernement, sur fond de crise économique.
La crise sévit partout au pays. Une manifestation réunit 70 000 personnes à Ottawa, dont des étudiant·e·s du Cégep, qui protestent contre l’inflation, la hausse des taux hypothécaires, le chômage et les coupures en éducation.
Le Ministère de l’Éducation annonce la mise en place du « Projet de règlement des études collégiales » (PREC).
Ouverture du Centre d’information d’aide et d’échange gai. Il s’intéresse aux droits des homosexuels, diffuse de l’information et offre du soutien dans le but « d’aider les étudiants ». Des ateliers de discussion se tiennent sur l’heure du diner et en soirée.
La radio change de nom : Radio QOÏT.
1982
Front commun syndical devant la menace du gouvernement de mettre à pied 17 000 fonctionnaires. Des grèves éclatent; le conflit se termine par l’imposition d’un décret visant à fixer les conditions des travailleuses et travailleurs tout en révoquant leur droit de grève.
Le monde enseignant résiste, mais se fait imposer une « loi matraque » (loi 70) pour permettre le renvoi discrétionnaire et arbitraire des grévistes. Le monde syndical et étudiant se sent de plus en plus trahi par le Parti québécois.
Augmentation de 10,5 % des prêts, doublée d’un gel des bourses.
L’AÉCS ne s’entend pas avec la direction : perception des cotisations étudiantes, tenue des assemblées générales, participation au processus des plaintes pédagogiques, prolongation de la période d’abandon des cours sans pénalité, hausse des frais d’inscription; rien ne va plus et aucune entente n’est signée.
Exaspérés et mandatés par l’assemblée générale, une cinquantaine de membres occupe les bureaux du pavillon 5. Le Cégep poursuit en justice 6 étudiant·e·s pour un montant total de 6000 $.
Retour d’un concessionnaire privé pour opérer la cafétéria du Cégep de Sherbrooke.
Fondation du « Mouvement pour l’environnement au Cégep de Sherbrooke (MECS) ».
Fondation du comité Femmes de l’AÉCS.
Le présidium instaure la pratique à double micro (alternance homme/femme).
Une « Semaine de la culture gaie » a lieu (projections de films et ateliers de poésie).
1983
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : René Aubry (intérim).
Adoption de la Loi québécoise sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants (loi 32).
Le Sommet québécois de la jeunesse culmine par une rencontre de trois jours à l’Université Laval, mais l’ANEEQ quitte avant la fin, dénonçant le parti pris des groupes présents.
Des dizaines de milliers de jeunes se retrouvent sur l’aide sociale avec 160 $ par mois; des solutions progressistes pour arriver à créer des emplois sont déposées par plusieurs groupes de soutien aux chômeuses, aux chômeurs et aux jeunes. L’idée du revenu garanti est mise de l’avant.
L’AÉCS s’oppose à une hausse de 1 $ sur la « passe-partout jeunesse », qui donne accès au transport en autobus à Sherbrooke. Une pétition circule et des moyens de pression sont organisés; la hausse sera finalement de 25 cents.
1984
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : Paul Gervais.
Ministres de l’Éducation : Yves Bérubé et François Gendron.
Adoption du Projet de Régime pédagogique au collégial (PREC).
Menace de dégel des frais de scolarité pour les faire passer au niveau de la moyenne canadienne.
Revendications féministes concernant les prêts et bourses apportées par l’AÉCS et adoptées en congrès par l’ANEEQ : que les étudiantes enceintes bénéficient du même montant que celles qui ont déjà un enfant et que le droit à un congé de maternité soit reconnu comme une période d’études à temps plein dans le but d’amoindrir les impacts d’un arrêt de fréquentation des cours.
Congrès des femmes de l’ANEEQ au Cégep de Sherbrooke.
L’AÉCS est en grève du 21 mars au 16 avril.
Le Centre de renseignements et interventions en homosexualité (CRIH) organise des ateliers de discussion appelés le « Gaitelier », qui dérangent une partie de la population étudiante.
1985
Élection du Parti libéral du Québec. PM : Robert Bourassa. Ministre de l’Éducation : Claude Ryan.
Promesse du maintien du gel des frais de scolarité par Claude Ryan.
La radio étudiante change de nom : EXIT-Radio.
1986
Claude Ryan annonce que la promesse du maintien du gel des frais de scolarité devra être abandonnée et qu’il y a « deux fois trop d’universitaires au Québec ».
Grève générale contre la hausse des frais de scolarité, pour le retrait du concept de « frais afférents » et le maintien de la gratuité au cégep. Le gouvernement recule sur la hausse et le réseau des universités publiques n’impose pas de frais afférents durant 2 ans.
L’AÉCS est en grève du 23 octobre au 4 novembre.
1988
L’ANEEQ lance une grève « offensive » de trois jours pour des améliorations au régime des prêts et bourses, qui doit être suivie d’une grève illimitée. Mais le mouvement s’essouffle et l’ANEEQ fait un « repli stratégique » avant que le gouvernement ne fasse des concessions. Malgré certaines luttes locales combatives, une ère de concertation s’instaure tranquillement.
Hausse imminente des frais de scolarité.
Introduction des frais afférents ou frais institutionnels obligatoires (100 $) à l’université. Ces frais sont encadrés par le gouvernement mais fixés par chaque université et varient aujourd’hui entre 350 $ et 1000 $ par année.
1989
Réélection du Parti libéral. PM : Robert Bourassa. Ministre de l’Éducation : Claude Ryan.
Le gouvernement rend public son projet de réforme de l’Aide financière aux études : 52 millions sont injectés. La contribution parentale, celle du conjoint ou de la conjointe, est réduite de 20 %. Une remise de dettes est accordée aux personnes qui terminent leurs études dans le temps prescrit et les bourses sont retirées à celles et ceux qui prolongent leurs études. Cette réforme, qualifiée par certains de « généreuse », permet de faire passer la pilule du dégel des frais de scolarité.
L’affaire Chantal Daigle et la tuerie de l’École polytechnique secouent la population et divisent le mouvement féministe.
Annonce du dégel des frais de scolarité.
Fondation de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).
Une conférence sur « le transsexualisme » se tient au Cégep de Sherbrooke en collaboration avec le Regroupement des étudiantes et étudiants en sciences humaines.

Ligne du temps 4: les années 1990-2000

1990
Ministre de l’Éducation : Michel Pagé.
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : Jocelyn Vallée.
Premier dégel des frais de scolarité universitaires : ils passent de 500 $ à 1200 $ par année en deux ans, avec une marge de manœuvre supplémentaire de 10 % aux administrations universitaires et une indexation selon l’indice des prix à la consommation (IPC) jusqu’en 1994.
Le mouvement étudiant peine à coordonner ses efforts malgré des luttes locales féroces, des manifestations, l’occupation des bureaux du Ministère de l’Éducation et du parquet de la Bourse de Montréal ainsi que des grèves de quelques semaines.
Fondation de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).
Débuts du Comité Logement étudiant (CLÉ) à l’AÉCS.
1991
Dernière publication du journal Le Matricule Zéro.
1992
Ministre de l’Éducation : Lucienne Robillard.
Première publication du journal Tel-Quel, journal officiel de l’AÉCS.
Dépôt d’une pétition pour l’ouverture d’un café étudiant.
1993
Lucienne Robillard annonce une importante réforme du réseau collégial. Mesures de décentralisation, d’évaluation et de gestion par résultats, approche par compétence, arrimage aux besoins du marché, changement à la mission et à la composition du conseil d’administration des cégeps : la réforme Robillard force l’adoption de modèles de gestion publique propres à l’idéologie néolibérale.
Grève de l’AÉCS du 17 au 22 mars, mais le mouvement n’est pas généralisé et aura peu d’impact.
1994
Élection du Parti québécois. PM : Jacques Parizeau. Ministre de l’Éducation : Jean Garon.
Gel des frais de scolarité.
Réforme Axworthy : Lloyd Axworthy, ministre libéral fédéral du Développement des ressources humaines, annonce des coupes massives dans les transferts aux provinces en ce qui concerne les programmes sociaux. L’éducation est touchée, car cette réforme vise à abolir les sommes qui sont envoyées aux provinces pour financer les universités afin de les convertir en aide financière aux étudiant·e·s. On craint donc une hausse des frais de scolarité dans les prochaines années.
Dissolution de l’ANEEQ, devenue graduellement moribonde.
Fermeture de l’Association coopérative étudiante du Cégep de Sherbrooke.
La radio change de nom : CHOC (CHOK) Radio.
1995
Deuxième référendum sur la souveraineté du Québec. Démission du PM Jacques Parizeau.
Fondation du Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE), né des cendres de la Coalition X, qui s’était battue contre la réforme Axworthy.
Boom des faillites étudiantes au Québec et au Canada.
Mise sur pied de la Fondation du Cégep de Sherbrooke.
Début des publicités Zoom Média dans les toilettes du Cégep de Sherbrooke.
Référendum controversé sur l’adhésion à la FECQ et début de l’ère d’indépendance de l’AÉCS.
1996
PM : Lucien Bouchard, en remplacement de Jacques Parizeau. Ministre de l’éducation : Pauline Marois.
Modification de la Loi fédérale sur les faillites et l’insolvabilité : il est désormais impossible pour les étudiant·e·s de déclarer faillite au cours des dix années qui suivent la fin de leurs études. Cette loi protège le gouvernement de l’obligation de rembourser aux banques plusieurs millions de dollars contractés en prêts étudiants.
Instauration de la cote « R », qui remplace la cote « Z ».
Coupes de plus de 700 millions en éducation, réforme régressive de l’Aide financière aux études (AFE) et hausse de 30 % des frais de scolarité.
Plusieurs associations étudiantes entrent en grève générale. 100 000 personnes sont en grève au plus fort du mouvement. La victoire est partielle : le gouvernement ne fait aucune concession, mais accepte de geler les frais de scolarité.
Réveil progressif de la frange combative du mouvement étudiant.
L’AÉCS est en grève du 7 au 18 novembre. Les membres de l’association de techniques policières s’occupent de la sécurité dans les assemblées générales et durant le bed-in. Iels se privent de leur droit de vote pour demeurer neutres.
Adoption de la « mission plateforme » de l’AÉCS, qui se positionne ainsi clairement comme syndicat étudiant de lutte.
Le comité logement étudiant (CLÉ) déménage au pavillon 6. Le local principal de l’AÉCS devient l’ancien local des Presses.
1997
Mise sur pied de la taxe à l’échec.
Débuts du journal étudiant Le Crachat, publié jusqu’en 2001.
Plusieurs critiques fusent contre l’exécutif de l’AÉCS. On le dit trop près du Parti québécois, encourageant uniquement la tenue de partys pour les associations de programme, au détriment de la pensée politique et du respect des plans d’actions et mandats de l’assemblée générale.
1998
Ministre de l’Éducation : François Legault.
1999
Luttes du mouvement altermondialiste : le Sommet de Seattle est perturbé grâce aux protestations, manifestations et actions de désobéissance civile. Le Black Bloc se fait connaître par ses actions radicales.
Problématiques de rétention et d’embauche de la permanence à l’AÉCS.
2000
Sommet du Québec et de la Jeunesse à Québec. Le soir du 22 février, les forces de l’ordre sont débordées et dispersent une manifestation à l’aide de gaz lacrymogènes, une scène inhabituelle à l’époque.
Dissolution du Mouvement pour le droit à l’éducation (MDE).
Intensification de la lutte contre la taxe à l’échec par l’AÉCS et les autres associations étudiantes collégiales du Québec.

Ligne du temps 5 : les années 2000-2010

2001
Directrice générale du Cégep de Sherbrooke : Micheline Roy.
Sommet des Amériques à Québec.
Abolition de la taxe à l’échec.
Fondation de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) au Cégep de Sherbrooke. On adopte les statuts et règlements et des principes de base.
Tenue d’un référendum d’affiliation à l’AÉCS. Les membres doivent choisir entre trois options : l’ASSÉ, la FECQ et l’indépendance. L’ASSÉ est choisie.
Le Comité du logement étudiant (CLÉ) quitte le Cégep, mais l’AÉCS maintient des liens étroits avec l’Association des locataires de Sherbrooke (ALS).
Deux personnes sont finalement engagées à la permanence de l’AÉCS et un véritable contrat de travail est rédigé.
L’AÉCS quitte l’ancien local des Presses pour le 6-21-104, qu’elle occupe jusqu’en 2015.
2002
Ministre de l’Éducation : Sylvain Simard.
Ouverture de la Banque de livres usagés (BLU), dont l’ancêtre est le Marché aux livres, organisé dans les années 1990 par le Service d’animation. La BLU est une activité populaire qui permet le recyclage et la revente de livres tout en luttant contre les monopoles des entreprises privées sur le campus.
Écriture d’un projet de coopérative, ancêtre du Café L’Équitable.
2003
Élection du Parti libéral du Québec. PM : Jean J. Charest. Ministre de l’Éducation : Pierre Reid.
Contre-réforme de l’AFE : conversion de 103 millions $ des bourses en prêts et hausse du plafond des prêts, surtout au collégial et au secondaire, mais aussi à l’université.
Intensification de la campagne contre Zoom Média au Cégep de Sherbrooke, qui retire finalement ce moyen de financement.
Fondation de la Coopérative informatique du Cégep de Sherbrooke (CICS), qui opère dans le même local que le CAMQ.
2004
Commission parlementaire sur la qualité, l’accessibilité et le financement des universités. À cette occasion, manifestation devant le parlement à Québec.
Moyens de pression contre la réforme de l’AFE par l’AÉCS et l’ASSÉ. Pierre Reid, élu de la circonscription d’Orford, est suivi à la trace.
Construction « d’habitations bidonville » sur le campus, avec ateliers et conférences sur l’importance de l’accès à l’éducation et sur l’endettement étudiant.
Première semaine d’étude et d’encadrement de l’histoire du Cégep de Sherbrooke, grâce aux pressions de l’AÉCS. Mais le directeur des études, opposé depuis le début au projet et obsédé par les « 82 jours de classe », fait fi de l’avis de la Commission des études et entame une cabale contre le projet.
Le café L’Équitable ouvre ses portes après plusieurs années de planification, de discussions et de négociation avec la direction.
2005
Ministre de l’Éducation : Jean-Marc Fournier.
Grève générale étudiante au Québec pour empêcher la conversion de 103 millions $ de bourses en prêts et protester contre la réforme de l’AFE. Environ 175 000 étudiants débrayaient au plus fort de la mobilisation.
L’AÉCS est en grève du 24 février au 6 avril, ce qui en fait la plus longue grève de son histoire. Le record ne sera battu qu’en 2012.
La semaine d’étude et d’encadrement n’apparait pas au calendrier 2005-2006 malgré les protestations de l’AÉCS, de la commission des études et de plusieurs départements.
Naissance du CIOSAL (Comité des orientations et identités sexuelles et amoureuses libres), qui remplace le comité l’Angle-B (Association neutre des gais, lesbiennes et bisexuellEs).
2006
Occupation du local des comités. À la suite de cet incident, la direction retire ce local aux étudiant·e·s.
La semaine d’étude et d’encadrement est facultative; certains départements l’appliquent.
2007
Ministre de l’Éducation : Michelle Courchesne.
Directeur général du Cégep de Sherbrooke : Sylvain Saint-Cyr.
Hausse des frais de scolarité.
L’ASSÉ lance une campagne de grève, mais les membres la rejettent en grande partie.
Signature du protocole d’entente entre l’AÉCS et la direction après plusieurs années nébuleuses.
La semaine d’étude est incluse au calendrier pour de bon (on l’espère), sous l’effet des pressions continues de l’AÉCS et des départements.
Organisation de midis-bouffe (distribution de nourriture gratuite) devant la grande cafétéria pour dénoncer la présence de l’entreprise privée en charge (un fournisseur de l’armée américaine).
Réalisation de la murale AÉCS.
2008
Exposition Sexopolitique, au Centre des médias. Projet conjoint du comité Femmes et du CIOSAL, cette exposition de photos grand format traite « des tabous reliés à la sexualité, la religion, le corps des femmes et celui des hommes, les orientations sexuelles, etc. qui complexent notre société. » L’exposition soulève débats et discussions sans toutefois recevoir de plaintes.
Menace de récupérer le local de la coopérative (CICS, ancien CAMQ) par la direction du Cégep. L’AÉCS intervient et donne naissance à un groupe de réflexion (le GRAVE) formé d’étudiant·e·s, de profs et de cadres qui désirent créer une réelle alternative pour les services de ventes de biens (alimentation, livres, informatique, dépanneur) sur le campus.
Fusion du Café L’Équitable et de la Coopérative informatique étudiante.
Début du projet compostage sur le campus par le comité écologique.
2009
Directrice générale du Cégep de Sherbrooke : Marie-France Bélanger.
Fondation de la Coopérative de solidarité du Cégep de Sherbrooke, ouverture du Bistro et du magasin (informatique et dépanneur).
Début du projet de banque alimentaire mené par l’AÉCS.
Amélioration à la politique de recours (plaintes). Il est dorénavant clairement inscrit sur les formulaires que les étudiant·e·s peuvent être accompagnés par l’AÉCS dans leurs démarches.
2010
Ministre de l’Éducation : Line Beauchamp.
La Ville de Sherbrooke procède à une hausse unilatérale des frais de stationnement au Plateau Sylvie-Daigle (de 55$ à 100$ par session). L’AÉCS organise une campagne de moyens de pression. La hausse de tarif est maintenue, mais la Ville ouvre des discussions avec l’AÉCS et procède, quelques mois plus tard, à la réfection du stationnement.
À la suite des coupures faites par le Ministère de l’Éducation dans les services adaptés, l’AÉCS clarifie sa position et force le Cégep à faire pression auprès du Ministère sur cette question.

Ligne du temps 6 : les années 2010-2020

2011
Annonce d’une hausse massive des frais de scolarité (1625 $ sur 5 ans). Le Ministre des Finances, Claude Bachand, demande aux étudiant·e·s de « faire leur juste part ».
L’AÉCS est en grève deux jours et participe à une première manifestation d’envergure dans les rues de Montréal. 30 000 personnes sont au rendez-vous.
Plusieurs activités de mobilisation et de sensibilisation ont lieu dans le but de susciter une réflexion sur la hausse des frais de scolarité.
2012
Ministre de l’Éducation : Line Beauchamp (démission au milieu de la crise du printemps 2012), remplacée par Michelle Courchesne.
Grève générale illimitée contre la hausse de 1 625 $ des frais de scolarité. En mars, 316 000 étudiant·e·s sont en grève et des manifestations monstres, les plus importantes dans l’histoire du Québec, ont lieu.
Le gouvernement adopte le projet de loi 78, une loi spéciale qui vise à réprimer les manifestations et les mobilisations sur les campus en les encadrant d’une règlementation stricte. C’est une première dans l’histoire des conflits entre le gouvernement et le mouvement étudiant.
La population soutient la lutte étudiante avec le mouvement des casseroles pour dénoncer la judiciarisation du conflit et les arrestations (ces dernières atteignent un nombre record : plus de 2 700).
L’AÉCS est en grève du 29 février au 3 mai. Les membres votent pour un retour en classe, malgré leur opposition aux offres gouvernementales et la condamnation du caractère anti-démocratique des injonctions. C’est la plus longue grève de l’histoire de l’AÉCS et du mouvement étudiant au Québec.
Élection du Parti québécois en septembre. PM : Pauline Marois. Ministre de l’Éducation : Marie Malavoy.
Jean Charest démissionne au lendemain de sa défaite.
Sommet sur l’enseignement supérieur, après l’élection du Parti québécois. Malgré les propositions progressistes de plusieurs groupes, le gouvernement décide d’indexer les frais de scolarité et les frais afférents.
2013
Campagne nationale de dénonciation de l’austérité économique.
Création de la Commission Ménard (Commission spéciale d’examen des événements du printemps 2012) dans le but d’examiner le déroulement des évènements et l’agissement des corps policiers.
Opposition de l’ASSÉ et de l’AÉCS au projet de Charte des valeurs du Parti québécois.
Participation à l’opération « Dérangement 21 » contre le déclassement salarial des profs de cégep.
Participation aux actions contre la tarification et les coupures dans les services sociaux.
Support à la Coopérative pour la reprise de la grande cafétéria.
Soutien aux membres arrêté·e·s durant la grève de 2012.
Débuts du projet Le Havre (safe space) par le CIOSAL.
La radio change de nom : CAHO-Radio.
2014
Élection du Parti libéral. PM : Philippe Couillard. Ministre de l’Éducation : Yves Bolduc.
Participation aux manifestations régionales dans le cadre d’une semaine d’actions et de perturbations contre l’austérité, la tarification et la privatisation des services publics.
Mise de l’avant des mesures fiscales progressistes pour financer les services publics par L’AÉCS et ses partenaires du Front social Estrien.
L’AÉCS parraine l’organisme GRIS Estrie, un groupe d’intervention qui vise à démystifier l’homosexualité et la bisexualité par le biais de témoignages personnels offerts dans les écoles secondaires.
Débuts du Jardin collectif.
2015
Ministre de l’Éducation : François Blais.
Adoption d’un règlement pour le droit de grève par le Cégep de Sherbrooke (règlement n°15).
Manifestation nationale contre l’austérité. Occupation (Occup’toute) sur le terrain du pavillon 2 du 29 avril au 22 mai.
Grève contre l’austérité le 1er mai, les 5, 12 et 13 novembre ainsi que le 1er et le 2 décembre.
Après quatre ans d’attente et de nombreuses négociations, le Cégep procède à la réfection du pavillon 6. L’AÉCS déménage temporairement au pavillon 2.
Préparation de l’exposition rétrospective « 40 ans de mouvement étudiant au Cégep de Sherbrooke ».
2016
De janvier à mars: exposition rétrospective « 40 ans de mouvement étudiant au Cégep de Sherbrooke » au ArtFocus.

Emménagement dans les locaux rénovés du pavillon 6.
Suite à un référendum se déroulant en novembre et décembre, les membres de l’AÉCS décident de se joindre à un régime d’assurances collectives santé et dentaire. 

En collaboration avec la Direction du Cégep de Sherbrooke, la campagne «Ni viande, ni objet : nous sommes contre les violences sexuelles» est mise sur pied. Ce projet sera repris par 23 cégeps québécois.

2017

Le gouvernement organise en février un rendez-vous pour discuter de la main-d’œuvre avec des regroupements patronaux et syndicaux, mais sans présence étudiante. L’AÉCS vote alors une journée de grève et nolise un autobus pour participer à une manifestation à Québec avec les étudiant·e·s de l’Université de Sherbrooke. 

Des activités ont lieu en lien avec la campagne «Ni viande, ni objet : nous sommes contre les violences sexuelles», telles qu’un concours artistique multidisciplinaire et un cours d’autodéfense féminine. 

2018

Élection du parti Coalition Avenir Québec. PM : François Legault. Ministre de l’Éducation : Jean-François Roberge.

L’équipe derrière la réalisation du projet «Ni viande, ni objet : nous sommes contre les violences sexuelles» organise des activités au Cégep. Elle offre une formation appelée « Comment devenir un témoin actif face à une situation de violence sexuelle? » ainsi que l’activité La Ruelle, une activité d’impact sensoriel qui aborde le harcèlement de rue et d’autres formes de violences sexuelles à travers trois tableaux d’immersion sonore.

2019

Le 15 mars 2019, 150 000 personnes marchent dans les rues de Montréal pour manifester contre l’inaction des gouvernements face à la crise climatique. Il s’agit entre autres d’élèves et d’étudiant·e·s de niveau secondaire, collégial et universitaire. L’AÉCS vote une journée de grève à cette date pour que les étudiant·e·s puissent participer à la manifestation qui a lieu à Montréal ou celle planifiée dans les rues de Sherbrooke.

Le Forum LEXIC² a lieu au Cégep de Sherbrooke en février. Il s’agissait d’un laboratoire des expériences et des intersections pour comprendre et contrer les violences sexuelles vécues par les communautés LGBTQ+. Le projet avait pour but de construire, bonifier et adapter les outils utilisés par les intervenant·e·s offrant des services aux personnes des communautés LGBTQ+.

Le 27 septembre a lieu une journée de manifestation mondiale pour le climat. Le Cégep avait prévu une levée de cours pour l’occasion. Une manifestation à Montréal réunit plusieurs centaines de milliers de personnes. À Sherbrooke aussi une manifestation a lieu, à laquelle participe l’AÉCS. 

2020

Étant donné la crise sanitaire mondiale, le contexte d’étude à été bouleversé. Chaque institution d’enseignement postsecondaire a tenté de s’adapter à sa manière face à cette nouvelle réalité. Le Cégep de Sherbrooke n’y a pas échappé. Les membres de l’AÉCS se sont alors penché·e·s sur des enjeux comme l’utilisation des caméras lors de cours en ligne, la suspension de la Cote R, l’utilisation de certaines plateformes d’examen à distance, la date limite pour demander un incomplet, l’accessibilité à du matériel informatique pour suivre des cours à distance et plus encore. 

La situation sanitaire mondiale entraine des pertes d’emploi. Plusieurs étudiant·e·s se retrouvent sans revenu. Devant cette situation, l’AÉCS met sur pied un nouveau service temporaire, le Fonds Spécial de Solidarité Étudiante. Surnommé FOSSÉ, ce service permet aux membres de l’AÉCS de recevoir un peu d’argent afin de payer le loyer ou l’épicerie.